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Castel C-34 Condor

Castel C-34 "Condor" n° 1 sur le terrain de Francazal (Toulouse)- via [2]

Année du premier vol : 1933
Pays : France
Développement :
CASTELLO Robert

Caractéristiques
Tryptique et plans
Historique

Références


Modèle réduit


En 1933, Robert CASTELLO a 26 ans. Dix ans de bureau d'étude ches Dewoitine et de travaux personnels lui permettent d'étudier son premier planeur de grande performance qu'il baptise "Condor". C'est le Castel 34 conçu pour Jean THOMAS [brevet C de vol à voile n° 16], président du Club des Ailes de Balma (Toulouse).
La construction est financée par Claude THOMAS, père de Jean. C'est aussi qui, en 1932, avait acheté le hangar de la Société française de vol à voile (S.F.V.A.V.) d'Estantens, lorsque cette association a cessé ses activités à Toulouse, pour le transporter et le remonter à La Montagne Noire. En son honneur, ce hangar fut appelé "Centre Claude Thomas".
[5]


Le premier hangar "Centre Claude Thomas" de La Montagne Noire (1932)

CARACTÉRISTIQUES
  Type : C-34 Atelier de fabrication : construction amateur  
  Envergure : 13,30 m Vitesse minimale : -- km/h  
  Longueur : 7,00 m Vitesse maximale : --- km/h  
Hauteur : xx,xx m Taux de chute mini : -- m/s à xx km/h
  Allongement : 13,00 Finesse max : 24 à xx km/h  
  Surface alaire : 13,60 m² Profil d'aile : Göttingen 535  
  Charge alaire : 18,8 kg/m² Nombre de sièges : 1  
  Masse à vide : 85 kg Nombre de machines construites : 2  
  Masse maximale : 155 kg Année de construction : 1933 et 1936  
  Ballast : non Techniques de construction : Bois et toile  

Le Condor n°1 a été construit par Mr THAU, dans les entrepôts Mr CHABERT, à Toulouse, et le n° 2 à l'Aéro-Club de Nancy.

TRYPTIQUE ET PLANS
Le seul dessin du Condor dont nous disposons est extrait du livre de Christian Castello [1]

Les deux versions du Condor [1]
CONSTRUCTION

Le fuselage
De section ovoïde à revêtement travaillant en contre-plaqué de bouleau, il est constitué de trois longerons réunis par des couples. Deux longerons à la partie supérieure, l'autre à la partie inférieure. Des lisses servent à raidir le revêtement. L'atterrisseur est constitué par un patin monté élastiquement sur la poutre caisson.
Le poste de pilotage est caréné par un canopy profilé comportant deux "hublots" latéraux et un "hublot" frontal, plus exactement une fente frontale. La structure de ce canopy est en bois.
Une cabane située en arrière du poste de pilotage destinée à soutenir la voilure est équipée de 5 ferrures.


Le fuselage terminé [2]

Structure des ailes (Condor n° 2)

La voilure
Elle est constituée par une seule aile en porte à faux, trapézoïdale avec extrémités elliptiques. Cette aile est en trois parties : une partie centrale et deux partie externes assemblées par des axes.
Le profil est un Göttingen 535 à l'encastrement généré à l'extrémité par un G.535 modifié, construction monolongeron à bord d'attaque travaillant.
L'aile est fixée sur la cabane du fuselage par 5 ferrures situées à l'intrados : une ferrure centrale au bec d'attaque, deux ferrures (1D et 1G) au niveau du longeron principal et deux ferrures (1D, 1G) au niveau du faux longeron. Celui-ci supporte les articulations des ailerons qui courent sur toute l'envrgure; chaque aileron est en deux parties, afin de diminuer les efforts en torsion. Toute la partie arrière de la voilure est entoilée.

   

Les gouvernes
L'empennage horizontal compensé, réglable en position moyenne, s'articule sur le fuselage au moyen d'un tube monté sur deux paliers.L'empennage vertical se compose d'une dérive venant de construction avec le fuselage et d'un gouvernail compensé entoilé.
Le système de gauchissement comporte une commande différentielle et une commande spéciale qui permet aux ailerons de s'abaisser simultanément pour former volets de courbure, sans nuire au gauchissement. Ces commandes sont rigides.


Le Condor n° 1 terminé [2]


HISTOIRE
Condor n° 1  
La liasse terminée, les calculs vérifiés, la construction va être entreprise par un menuisier ébéniste, Mr THAU, mais auparavant, quelques tracés sont nécessaires. Ils sont exécutés chez Jean THOMAS, tailleur de métier, dont le père Claude Thomas, tailleur lui-même possède un atelier de confection avec salons d'essayages, aux murs revêtus de bois précieux, situé à l'angle du boulevard de Strasbourg et des allées Jean-Jaurès à Toulouse, au dessus de l'actuelle agence Air France.

Robert CASTELLO (à droite) et Mr THAU
Deux mots sur la façade : "Thomas-Tailor", tracés avec des lettres d'un graphisme recherché, annoncent la qualité du tailleur. Claude THOMAS est connu des vélivoles du centre de la Montagne Noire qui porte son nom. Mécène, il l'est. Il a déjà mis à la disposition du club le hangar de la S.F.V.A. [Société Française de Vol à Voile] acheté lors de sa dissolution et reconstruit en haut de la pente propice au vol qui domine le lac de Saint Férréol. Maintenant  il se propose de financer le "Condor".
La fabrication de l'appareil est faite au quartier Saint-Cyprien à Toulouse "Aux Pêches", entrepôts de Mr Chabert, oncle de Lucien et Bilu Pinault, bien connus dans le milieu du vol à voile et du vol à moteur. Les diverses pièces primaires, nervures, couples, sont réglées, positionnées et assemblées par Mr THAU, après leur fabrication par les aides que sont Thomas, Pinault, Garrigues et Castello.
Tout ce qui touche au métal est du domaine du beau-frère de Robert Castello, Mr Vernhes de Paulhac. Ses doigts agiles savent découper, plier, percer toutes les pièces d'assemblage d'élémeents vitaux ou participant aux diverses cinématiques qui font obéir le planeur. Il est connu au service de préparation des avions prototypes de la Société Nationale de Toulouse, davantage par son prénom : Basile.
La qualité de la fabrication qui est suivie et approuvée par R. Castello et Véritas met en évidence les lignes du "Condor" dont les surfaces vernies au tampon ne déforment pas les reflets. Ce point confirme la compétence du menuisier ébéniste Mr Thau.
Début juin 1934, l'appareil est transporté à Francazal pour les essais préliminaires. Ceux-ci sont effectués par Thomas, lancé au treuil. Les premiers résultats sont satisfaisants et concrétisent les calculs de R. Castello. Ils rendent Thomas impatient d'effectuer son premier vol à la Montagne Noire.
Photo Francazal Photo Francazal

Arrivée du C-34 au Centre Claude Thomas de la Montagne Noire
Quelques jours après, le planeur est amené sur sa remorque spéciale au centre Claude Thomas et, le 27 juin 1934, le planeur, face à la pente, montre ses formes racées au busards des lieux.
En semaine, le centre n'est pas très fréquenté. Mais, pour ce jour d'essai, six personnes sont avec Thomas. Castello, lui, n'est pas là : il est au bureau Pasteur des Ponts Jumeaux, occupé à des travaux d'études concernant les avions commerciaux D-333 et D-338 de Dewoitine. Il n'est pas inquiet, ne soupçonnant pas les préparatifs qui se font à la Montagne Noire. Rien ne saurait empêcher Thomas de voler ce jour -là. Les dispositions sont prises pour un lancer au sandow. Il n'y a que quatre personnes pour le manipuler : c'est peu ! Qu'importe, on tirera sur le câble élastique avec une voiture !
   

Le Condor accidenté
Thomas s'installe dans le poste de pilotage. Tout est prêt, le signal est donné. Le latex s'étire, mais une mauvaise coordination ne permet pas de lâcher à temps la corde qui maintient le planeur au sol. Une fois celle-ci libérée, l'énergie du sandow est malheureusement trop importante pour le planeur, le "Condor" amorce une chandelle qui se termine par un décrochage.
L'écrasement au sol est inévitable et se produit à quelques mètres du décollage. Thomas gît vessie éclatée, bassin et crâne fracturés) dans les débris de la partie avant du planeur, conscient malgré tout. C'est la consternation. Ce lancer, brusque et inattendu, avait laissé sans défense Jean qui n'avait effectué que de doux décollages sur le terrain de Francazal.
Huit mois plus tard, Jean Thomas reprenait les vols. Juste avant son installation dans le poste de pilotage du 32A, il abandonnait ses béquilles.

Le planeur et replacé sur sa remorque après l'accident
Condor n° 2  
A six cents kilomètres de Toulouse, la liasse de fabrication du Castel 34 va être exploitée une deuxième fois, dans la région de l'Est, grâce à messieurs SPIRE et MASSENET. Six mois après le tragique accident de THOMAS, la section vol à voile de l'Aéro-Club de Nancy, présidé par Christian MOENCH, entreprend la construction du C-34 qui doit améliorer le parc du Club et permettre aux pilotes Verpillot, Eugène et Pierre DUBS, Pourcel, Barradel, Aubriot, pour ne citer que ceux-là, d'atteindre les performances recherchées.

Le n° 2 en construction à Nancy-Malzéville
Mais avant, il faut découper, assembler, coller, entoiler. Cela se fait avant la belle saison car chacun apporte sa contribution pour finir la machine.
Cet appareil prend le nom de "Jean Schmitt" en souvenir d'un camarade disparu dans un accident de vol sans moteur en mai 1936.
La construction de ce deuxième exemplaire diffère du "Condor" n° 1 de Jean Thomas par une tentative d'amélioration de la visibilité du pilote si l'on en croit le découpage plus savant du canopy.

DUBS aux commandes (lequel ?)

Le groupe de Nancy autour du "Jean Schmitt"

Foire Exposition de Nancy 1936 [Collection Jacques Dubs via LI Dédale n° 101]
Lle 22 octobre 1936, le journal "Les Ailes" attire l'attention sur les performances de cet appareil qui n'avait pas eu en Languedoc la chance de montrer ses qualités, en écrivant "Les membres de la section vol à voile de l'Aéroclub de l'Est ont construit un planeur de performances type Caste 34. Ils l'ont baptisé "Jean Schmitt", en souvenir de leur camarade qui disparut dans un accident de vol sans moteur le 18 mai dernier. De belles performances ont déjà été réalisées avec cette nouvelle et très remarquable machine".

[Les Ailes - 22 octobre 1936]

 

A Sarreguemines, en 1937, un jeune pilote de 19 ans, Alfred ALT, le moniteur adjoint de vol à voile à la Banne d'Ordanche, fait renaître de ses cendres le club de vol à voile "L'Espoir Aéonautique de Sarreguemines", avec son frère Albert et une équipe dynamique comprenant F. Bruhnes, G. Eidesheim, A. Metzger et R. Félix. En 1938, le club est en plein essor. Alfred ALT, qui veut évoluer sur un appareil plus performant que les Avia XIa, XVa ou SFAN (moteur coupé), contacte Mr MANGEOAT et achète le Castel 34 n°2 des frères DUBS de Nancy.

Peu après cette acquisition, les vols sur le C-34 rebaptisé "Albert Martin" en hommage au moniteur du club tué dans un accident d'Avia XXa avec son élève, se succèdent sans problème.


Le C-34 n° 2 Albert Martin, transformé en torpédo à Sarreguemine
Mais il y a des jours où rien ne réussit. Au cours du dernier vol de la journée, la prise de terrain est commencée un peu tôt et, après avoir effleuré la tête des épis d'un champ de blé, Alfred Alt termine sa course contre une borne kilométrique du chemin qui borde le terrain.
Trois évènements vont s'enchaîner et sonner le glas du "Condor". Alfred ALT est appelé pour effectuer son service militaire. L'appareil stocké n'est pas mis en chantier pour la réparation. Puis, une interdiction administrative de vol frappe le terrain de Sarreguemines et, enfin le pire de tous, la déclaration de guerre va provoquer la réquisition du matériel et, en 1945, après l'affrontement, la vue du terrain est désespérante. Suite aux bombardements, tous le matériel est anéanti, et avec lui le "Condor".
Sources documentaires
[1] Planeurs et avions Castel-Mauboussin par Christian Castello, Editions Le Lézard, Toulouse 1993 ISBN : 2-907384-0
[2] Collection Christian Castello, via Pierre Delrieu
[3] Nouveau venu au musée : le Castel 34 miniature, pages d'actualités du musée d'aviation de la Montagne Noire [03/12/2009]
[4] La maquette du Castel 34, pages du site APPARRAT de la Montagne Noire
[5] Le Vol à Voile à La Montagne Noire, Roger Alby, Cépaduès-Éditions, 1988

Page créée le 10/09/2017 - Dernière modification le 06/05/2020
Des vieilles toiles aux planeurs modernes © ClaudeL 2003 -