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Immatriculation planeurs
Quand on s'intéresse aux immatriculations françaises des planeurs, on est immédiatement dérouté devant la complexité et le manque de logique apparent des règles appliquées. Nous pouvons y voir un peu plus clair grâce aux documents présentés ci-dessous.

* Fox Charlie. Registre des planeurs français, par Jacques CHILLON et Christian RAVEL, Ed. 2005 [1]

* Notes sur les immatriculations des planeurs français, par Christian RAVEL, 2014 [3]

Nous nous contenterons de retracer les grandes lignes de la genèse des marques des planeurs sans rentrer dans les détails.

SITUATION AVANT 1954
En 1945 et jusqu'au milieu des années 1950, la quasi-totalité (à quelque très rares exceptions près : planeurs achetés par des particuliers, ou machines construites dans des clubs) du parc de planeurs français était propriété de l'Etat.
Depuis le 12 septembre 1946, un Secrétariat général à l'Aviation civile et commerciale (SGACC) avait été créé au sein du ministère des Travaux publics et des Transports, pour prendre en charge les attributions précédemment dévolues au ministère de l'Air en matière d'aviation civile. Au sein du SGACC, le Service de l'aviation légère et sportive (SALS) était chargé de la gestion des matériels et personnels (instructeurs) et de leur mise à disposition des aéro-clubs.
En 1955, le SALS devient le Service de la formation aéronautique et des sports aériens (SFASA).
Les machines étaient construites dans le cadre de marchés d'état et affectées aux "régions", aux Centres nationaux et aux Centres interclubs. Les constructions en série étaient entreprises après des essais en vol officiels effectués au Centre d'Essais en Vol (C.E.V.) de Brétigny-sur-Orge (Le centre d'essais ouvrit officiellement le 1er août 1945).
Les planeurs étaient simplement identifiés par leur type et leur numéro de série. Ce numéro figurait généralement sur le gouvernail de direction, accompagné, le plus souvent, du type et du constructeur. De plus, une cocarde tricolore était souvent peinte sur les flancs du fuselage, indiquant que l'état était le propriétaire.

N-1300 n° 123 [Coll. AC Besançon, via Fox Charlie]

Les machines attribuées aux aéro-clubs n'étaient soumises ni à contrôle officiel ni à formalités particulières.

Un cas particulier était constitué des planeurs qui devaient quitter le territoire national, pour participer à l'étranger à des compétitions, des meetings ou des démonstrations.
L'administration des douanes demandait l'établissement d'un dossier pour la sortie des machines, et une immatriculation dans la série F-W (ou F-B) était attribuée à ces appareils à cet effet par le SGACC.
Exemple : les deux Air-100 ayant participé aux championnats du monde à Wichita Falls (Texas, USA) en 1947, étaient immatriculés F-WDVN (n° 1) et F-WDVO (n° 2)


Air-100 n° 01 F-WDVN à Wichita Falls, juillet 1947. Le numéro 24 est le numéro du concours
[Coll. Réginald Jouhaud, via Fox Charlie]

Puis à partir d'août 1952, une série F-C fut inaugurée pour les machines devant sortir de France. "Fox Charlie" a recensé huit immatriculations pour cette série (de F-CAAA à F-CAAH).
On trouvera dans [1] (p 15) une liste de machines ayant reçu une immatriculation F-W (ou F-B) avant août 1952 et la série F-CAAA à F-CAAH attribuée d'août 1952 à 1957.
ORIGINE DES IMMATRICULATIONS

En 1954, le SALS (Service de l'Aviation légère et Sportive) décide de faire un grand inventaire du parc national de planeurs, accompagné d'une vérification de leur état, et d'affecter une immatriculation de type F-XXXX à chaque appareil.
- Dans un premier temps, un recensement fut effectué par les 13 Comités Régionaux de Vol à Voile (qui découpaient alors la France en 13 régions) et les Centres Nationaux. Ces recensements furent transmis au SALS qui attribua une immatriculation à chaque appareil.
Ces immatriculations furent affectées en poursuivant la série F-C [les séries F-A et F-B étant déjà utilisées], démarrant par F-CAAI [la série F-CAAA à F-CAAH ayant été utilisée (ou réservée) pour les planeurs susceptibles de sortir de France, voir ci-dessus]. La répartition des immatriculations fut faite par Comité régional et au sein d'un comité par type de machine. Le même ordre de types fut conservé pour tous les comités : C-800, puis C-25S, C-242, etc.
A l'issue du recensement de 1954, la dernière marque attribuée fut F-CBYL. L'inventaire fit ainsi état de quelque 1200 planeurs.
- Ensuite les planeurs devaient passer en révision générale et ceux dont l'état était satisfaisant recevaient un Certificat de Navigabilité (CdN), délivré par le Bureau Véritas, et un Certificat d'immatriculation (CI) définitif.

Bien entendu, tous les planeurs ne reçurent pas leur CdN. Leur immatriculation provisoire ne fut donc pas confirmée, et elle fut souvent réaffectée à d'autres machines plus récentes.
De plus, pour des raisons que nous ignorons, l'administration dispensa certains types de machines de CdN (par exemple les N1300, Emouchet, C-25S, etc). Elles ne reçurent pas de Certificat d'Immatriculation et leur "immatriculation" ne fut pas confirmée.
Souvent les marques de ces appareils furent ultérieurement réutilisés pour des planeurs plus récents.
Pas simple !

Et ensuite ?
On retrouve d'abord une série de F-CBYM à F-CCCD relative à divers appareils, puis ensuite des séries de marques furent attribuées aux constructeurs au fur et à mesure de l'apparition de nouvelles machines, la première, datant de 1956, de F-CCCF à F-CCCY relative aux Breguet 901S.

Certificat de Navigabilité Restreint d'Aéronefs (CNRA)
Dès 1957, la notion de Certificat de Navigabilité Restreint a été étendu aux planeurs, et une nouvelle série de marques a été inaugurée par F-CRAA
[pour le Dacal 106 n° 1, CdN du 06/04/1957]. Actuellement les immatriculations sont en F-CSxx.

1944-1945, LA RECUPERATION DES PLANEURS ALLEMANDS

En 1945, environ 400 planeurs furent ramenés d'Allemagne en France, au titre de dommages de guerre. Ils transitaient par Strasbourg, où ils étaient renumérotés dans une série R-xxx, simplement par ordre d'arrivée. Le premier fut un SG-38 qui reçu donc l'immatriculations R-001.

Ces machines ont ensuite été dispatchées dans les divers Centres et Clubs en France. Elles furent incluses dans le recensement général de 1954 et réimmatriculées.

Le premier Mü-13D "récupéré" R-026. Il porte encore son immatriculation allemande D-15-989
Attribué à l'Aéroclub du Doubs. Il deviendra F-CABM en 1954
SOURCES DOCUMENTAIRES

[1] Fox Charlie, registre des planeurs français depuis 1952, par Christian Ravel & Jacques Chillon, Les Editions de l'Officine, 2005.
[2] 1944-1945, la récupération des planeurs allemands, par René Bouvier, Le Trait d'Union, 1989.
Compilation d'articles parus dans le Trait d'Union.
[3] Note sur les immatriculations des planeurs, par Christian Ravel, janvier 2014.

Page créée le 08/12/2016. Dernière mise à jour le 02/03/2017
Des vieilles toiles aux planeurs modernes © ClaudeL 2003 -