|
|
CARACTÉRISTIQUES |
|
Type
: |
Atelier de
fabrication : SABCA - Paul Poncelet |
|
|
Envergure : 11,12
m |
Vitesse minimale : --- km/h |
|
|
Longueur : 6,55
m |
Vitesse maximale : --- km/h |
|
|
Hauteur : -,--
m |
Taux de chute mini : -- m/s à --
km/h |
|
Allongement : --,-- |
Finesse max : -- à --
km/h |
|
|
Surface alaire : 20,0
m² |
Profil d'aile : ? |
|
|
Charge alaire : -,-
kg/m² |
Nombre de sièges
: 1 |
|
|
Masse à vide : 96
kg |
Nombre de machines construites
: ? |
|
|
Masse maximale : 158
kg |
Années de fabrication
: ---- - ---- |
|
|
Ballast : non |
Techniques de construction
: Bois et toile |
|
|
Les mesures données
sont converties depuis [5].
Elles ne correspondent pas au tryptique
de l'hydravionnette ci-dessous :
Envergure : 9,60 m
Longueur : 6,80 m
Les masses données dans le tableau correspondent à la configuration planeur. Elles proviennent de la référence [10]
En version motorisée, avec le moteur Sergant 4 cylindres, 17 CV à refroidissement par air, la masse à vide était de 160 kg, et la masse maximale de 222 kg.
Montée à 1000 m en 17 minutes, plafond de 1500 mètres environ, et rayon d'action de l'ordre de 300 km.
Il semblerait, d'après les photos ci-dessous, que profondeur et direction
soient monobloc.
L'aile étant sensiblement trapézoïdale, on peut estimer
la corde moyenne
à 1,80 m, ce qui donnerait un allongement de 5 environ. |

Montage du planeur Poncelet, à la SABCA, dans sa première configuration.
Des roues seront rapidement ajoutées, avant les premiers essais. |
CONCEPTION |
Le Castar est entièrement construit en bois (sauf roues, essieu et manche à balai). Aucune commande n'est apparente.
Il peut être utilisé soit comme planeur, soit comme moto-aviette, sans qu'il soit nécessaire de modifier ni le réglage ni la position du pilote.
Fuselage
Le fuselage de section rectangulaire, avec les côtés légèrement bombés, est profilé à l'avant avec un revêtement de contreplaqué de1,5 mm sur 1,5 mètres de long et entoilé sur la partie arrière. La toile est posée sur des lisses longitudinales. L'habitacle est encastré dans le bord d'attaque de l'aile échancré qui sert de dossier du siège du pilote. |

Premier fuselage du Castar en construction [Coll. Charles Mali]
Notons le prolongement du côté du fuselage supportant le patin d'atterrissage
|
Voilure
L'appareil est monoplan avec une aile épaisse cantilever de 20 m2. Le profil est évolutif ; de 380 mm à l'emplanture il diminue progressivement vers les extrémités.
L'intrados est plan, le maître-couple se situe au premier tiers avant. L'aile vue en plan forme un double trapèze de corde 2,10 m à l'emplanture et 1,50 m aux extrémités.
La partie avant est coffrée en contreplaqué de 2 mm jusqu'au premier longeron, le reste est entoilé. Le bord de fuite est une ficelle de 2 mm.... |

"1922 - Aile du planeur Poncelet" [Coll. Charles Mali] |
TRYPTIQUE
ET PLANS |
Il n'existerait pas de plan du Castar,
mais je remercie M. Charles Mali [6] qui
m'a fait parvenir le plan 3 vues de ce projet de Paul Poncelet, présentant
de grandes similitudes avec le Castar : |
|

Hydravionnette "Paul Poncelet" -
[6] |
Hydravionnette "Paul Poncelet"
Avant projet
Munie de roues permettant l'envol du bord
d'un chalutier de pêche
aménagé à cet effet. Toutes ses caractéristiques,
proportions gardées, sont celles du Castar, qui révéla à Vauville
ses qualités de planeur, et à Lympne ses qualités
d'avionnette.
Surface portante 15 m 2
Poids en ordre de vol 240 kg
Charge au m 2 : 16 kg
Moteur : Cherub Bristol 20
CV
Charge au CV : 16 kg
Rayon d'action : 400 km
Vitesse possible de 30 à 110
km/h
NB. A l'aide du moteur et d'un sandow, sur une plateforme aménagée,
le décollage peut se faire en moins de 4 mètres .
Remarque : Même si les dimensions générales
sont les mêmes que celles du Castar, la forme du gouvernail est
elle différente, comme on le voit sur toutes les photos.. |
|

[Dessin Jean-Pierre Loncour] [10] |
MOTORISATIONS |
Moteur Anzani
Premier moteur installé sur le Castar après la reconstruction du fuselage
Deux cylindres à plat, 1100 cc, développant 7 CV à 900 tours et 10 CV à 1.200 tours / min.
Hélice Dorant n° 11, 2,4 m de diamètre, 1,05 m de pas, calée en bout d'arbre moteur. [7]
Réservoir 18 litres, autonomie 3 heures. |

Paul PONCELET devant le Castar équipé du moteur Anzani [7] |
Moteur Coventry Victor
Obligeamment offert par le constructeur belge de motocyclettes "Jeecy Vea" pour remplacer l'Anzani, cassé lors du voyage vers Vauville, au mois d'août 1923.
Deux cylindres opposés, 680 cc développant 16 CV à 3500 tours et 10 CV à 2000 tours |

Victor SIMONET, devant le Castar [11]
Le moteur est le Coventry Victor monté pour la participation au Meeting de Bruxelles (16 septembre 1923)
Flat-twin Coventry Victor [La Moto 1926]
|
Moteur Sergant
Moteur à 4 cylindres en ligne, 780 cm3, développant une puissance de 17,5 CV à 3500 tours/minute. L'hélice était en prise directe, un réducteur étant intégré au moteur..
[L'Aéronautique n° 52, septembre 1923]
Le Sergant type A est à quatre cylindres verticaux en ligne, séparés, à refroidissement par air.
Alésage 54,5 mm ; Course 80 mm ; Cylindrée 760 cm3, soupapes dans le fond des cylindres avec culbuteurs en dessus.
Le carter est en aluminium, l'arbre en acier mangano-siliceux.
Le graissage se fait sous pression par pompe à engrenages, dans le bas du carter qui contient l'huile pour 5 heures de vol. Distribution par arbre à cames. Allumage par magnéto Scintilla à avance variable. Arrivée d'essence en charge et carburateur Zénith.
L'hélice est montée sur un moyeu démultiplié par pignons droits, faisant suite au volant en acier calé sur l'arbre. Les trois réductions sont de 14/35, 15/34 et 16/33, ce qui, à 3200 tours, donne à l'hélice 1275, 1410 et 1540 tours.
Le refroidissement est assuré d'une manière originale : une buse ouverte vers l'avant canalise l'air dans une cheminée dont la forme et la section distribuent également le courant d'air à tous les cylindres qui portent des ailettes verticales. La puissance est de 16 HP à 3200 tours, et le poids atteint 46 kg pour le moteur complet avec ses accessoires et le moyeu d'hélice.
Encombrement : longueur avece moyeu 0,776 m ; hauteur 0,565 m ; largeur 0,34 m. |
_ 
Les deux côtés du moteur Sergant type A [Les_Aile n° 114, 1923-08-23]
_ 
Le Sergant caréné monté sur le Castar, peut-être pendant les préparatifs pour le concours de Lympne [Coll. Charles Mali]
|
|
|
HISTOIRE |
Paul Poncelet, artisan belge expert dans
le travail du bois, avait déjà réalisé un
premier avion, inspiré de l'Antoinette, en 1908. Il fut embauché à
la SABCA (Société Anonyme Belge de Constructions
Aéronautiques, qui avait été créée en 1920)
comme contremaître, devenant rapidement chef de la section bois de la société.
Passionné par
le vol à voile,
qui débutait outre-Rhin, il ne tarde guère à concevoir
un planeur. Il commence la construction en juin 1922, dans une cave de la rue Saint-Vincent, à Bruxelles, avec des moyens rudimentaires. Il y consacre tout son temps libre et ses soirées
pendant huit mois.[1] |

Présentation du planeur Poncelet - vraisemblablement en février 1923, sur l'aérodrome d'Evère avant les premiers vols ? [source inconnue]
Le Lieutenant Victor Simonet aux commandes (?) - Par comparaison avec la photo prise dans l'atelier de la SABCA (voir ci-dessus)
dles roues ont remplacé les patins d'atterrissage - on note aussi que les balancines sous les ailes ont été supprimées
alors qu'elles sont visibles sur toutes les autres photos (retouche photo ?)
|
Février 1923
L'assemblage final de la machine se fait dans les ateliers
de la SABCA à Haren-Evère. Le 10 février 1923, sur l'aérodrome d'Evère, le
Lieutenant Victor SIMONET, pilote à la SABCA,le fit décoller
sur une distance de 115 mètres, lancé au sandow.
" [La Conquète de l'Air, 1er mars 1923]
Le lendemain, malgré une absence totale de vent, remorqué par une voiture, Simonet effectue une douzaine de vols, dont le plus remarqué est de 225 mètres à une hauteur de 20 mètres.
Remarque : Notons que ce fut le premier vol d'un planeur jamais conçu et construit en Belgique. |

10 février 1923 : préparatifs pour le premier lancement au sandow - aérodrome d'Evère [11]
On remarque ce qui semble être des sangles de fixation des ailes (?)
|
Dans son édition du 22 février 1923, la revue Flight rend compte des premiers vols du planeur Poncelet :
" "
Le 1er mars 1923, Flight parle brièvement du planeur Poncelet, et publie la même photo que ci-dessus :
" " |

Les premiers vols du Castar, en version planeur, à Haren
(près de Bruxelles)
Avant sa transformation en motoplaneur [Flight ?]
|
Après ces quelques essais, Poncelet et Simonet sont impatients de tester le planeur sur de plus longs vols. Après prospection, le planeur est testé sur un terrain situé près de la gare de Remouchamps, sur une denivellation de 65 mètres, où le vol le plus prometteur fut de 3 minutes.
Transporté ensuite à Lixhe (près de Visé), sur les bords de la Meuse, Il fit quatre vols d'une à deux minutes, et des gains d'altitude de l'ordre de 50 mètres.
Au départ du cinquième vol, le planeur s'écrase. Le fuselage est détruit, mais SIMONET s'en sort indemne.
Nullement découragé, PONCELET entreprend immédiatement la construction d'un nouveau fuselage, prévoyant cette fois un emplacement pour le montage d'un moteur. Fut choisi un moteur Anzani, bicylindre à plat, développant 7 CV.
Le Castar fut immatriculé O-BAFG le 28 juillet 1923.
[5] [10]
|

Victor SIMONET, devant le Castar, probablement durant le meeting de Bruxelles (16 septembre 1923) [11]
Le moteur est probablement le Coventry Victor
Notons le petit saute-vent et l'appui-tête. |
SIMONET vole avec le nouveau Castar motorisé à partir du samedi 7 juillet 1923. Le mardi suivant il réalise un vol de 45 minutes, montant jusqu'à une altitude de 1100 mètres en 20 minutes et survolant Bruxelles.
Le 12 juillet 1923, la revue Flight annonce :
" less than one minute"
Simonet corrige l'erreur et donne des précisions : [Flight 2 août 1923] [12]
" " |

Paul Poncelet (à gauche) et Victor Simonet présentent le Castar reconstruit et motorisé [Flight 2 août 1923] [12] |
* Le journal Les Ailes n° 110, du 26 juillet 1923, rend lui aussi compte des premiers essais du Castar motorisé :
"
"
|

Le planeur Poncelet, avec moteur Anzani 10 CV, qui, piloté par le Lt Simonet, vient de faire des essais remarquables à Bruxelles |
Vauville 1923
La SABCA décide de
faire participer le planeur de Paul Poncelet au Deuxième congrès expérimental
de vol sans moteur, qui doit avoir lieu à Vauville (près de Cherbourg-France)
du 5 au 26 août 1923, et il est inscrit avec le n° 7. La machine, qui a pris le nom de Poncelet-Castar("castar"
étant un euphémisme belge typiquement bruxellois pour "costaud" dans un sens
quelque peu péjoratif). après sa motorisation, quitte Bruxelles par la voie des airs pour se rendre à Vauville.
Le convoyage, comme on va le voir, ne sera pas de tout repos.
Laissons raconter la suite de
la participation du Castar au Congrès de Vauville, à Georges Houard,
rédacteur du journal "Les Ailes", qui a fait un compte-rendu au jour
le jour de ce célèbre meeting [2]
...
6 août 1923
- On attend les appareils belges dont l'arrivée est annoncée...
9 août
- On attend toujours Victor Simonet et son avion Poncelet. Parti de
Bruxelles dans d'excellentes conditions, Simonet vint atterrir à Valenciennes
où on
l'empêcha d'aller plus loin, le pilote belge n'ayant pas, pour la douane,
les papiers nécessaires. Il fallut trois jours pour arranger l'affaire.
Simonet repartit, se dirigea sur la côte, faisant escale à Douai, puis Calais et Boulogne et et qu'il suivit
jusqu'au Crotoy. Depuis, on l'attend chaque jour à Vauville.
11 août
- On apprend que Victor Simonet est malade à Montreuil-sur-Mer où il
a atterri avec son planeur Poncelet. Il est question qu'un autre pilote belge
vienne chercher l'appareil pour l'amener à Vauville.
12 août
- L'avionnette Poncelet, malheureusement, est en panne à Saint-Valéry-en-Caux.
Simonet, rétabli, avait repris son vol quand il fut victime d'un accident
de moteur : l'éclatement d'un cylindre . On ignore encore si l'accident
pourra être réparé.
15 août
- Il faut signaler l'arrivée de Poncelet, venu du Havre à Cherbourg à bord
d'un remorqueur en compagnie de son pilote, le sympathique V. Simonet, de son
constructeur Poncelet et du commandant Massaux. De Saint-Valéry-en-Caux
où survint l'avarie que nous avons signalée, le planeur fut transporté par la route jusqu'au
Havre par les soins de M. Mathieu DEMONTY, directeur technique de la SABCA qui, pour cela,
avait quitté précipitamment Vauville où il se trouvait
depuis le début du congrès. Il faut se souvenir que l'appareil
Poncelet était une planeur que l'on a transformé en avionnette,
et non une avionnette dont on a fait un planeur. Comme
avionnette – avec
un moteur donnant une puissance maximum de 10 CV-, il est allé de Bruxelles à Valenciennes,
puis de Valenciennes jusqu'à Saint-Valéry-en-Caux. |

Le Castar dont le moteur est tombé en panne à Saint-Valéry-en-Caux est transporté au Havre par M. et Mme Demonty [] |
17 août
…L'après-midi les expérience
reprirent (le matin obsèques
de Jean Hemmerdinger) et débutèrent par un vol magnifique du planeur
Poncelet. Victor Simonet – qui est, rappelons-le, notre dévoué correspondant
de Bruxelles – prit place dans l'appareil et à 3h 52 décollait,
en quelques mètres, presque sur place. Le vent soufflait enfin de l'ouest à une
vitesse moyenne d'environ 10 m/s.
L'ascendance du vent était remarquable et en deux ou trois minutes,
Simonet se trouvait à plus de 150 mètres de hauteur. Après être
resté un bon moment sur place, il commençait à naviguer
le long de la crête, accomplissant des évolutions qui soulevèrent
l'admiration des spectateurs. Lorsqu'il se décida à atterrir,
Simonet réalisa une des plus belles manœuvres que nous ayons vues,
louvoyant, virant au-dessus du camp avant de « prendre son terrain ».
Il arriva enfin dans la ligne des hangars, traversa le camp à 1
mètre du sol, frôla le sol et, repris par le courant ascendant,
repartit de plus belle à 100 mètres de haut. On eu vraiment
l'impression d'un avion à moteur dont le pilote « remettait
la sauce » - pour employer l'expression consacrée – au
moment opportun. Après avoir été virer sur Vauville,
Simonet atterrissait sur la plage, face au camp, après avoir volé à voile
47 min 35 sec. Seul, le brouillard qui se levait, le crachin local, avait
obligé l'excellent pilote belge à atterrir.
Sa machine
créée par Paul Poncelet, est une belle réalisation,
dont la jeune industrie aéronautique belge peut être justement
fière. |

Décollage du Castar O-BAFG à Vauville - 1923 ou 1925 ? [?] |
18 août
... Simonet et Maneyrol nous font assister à un duel franco-belge dont
on ignore encore l'issue. Quel que soit le lauréat, nous le saluerons
avec la même joie. La Belgique a fait un si bel effort qu'elle mérite
d'en être récompensée avec ses sympathiques représentants.
Le
planeur Poncelet avait été remonté le matin de
la plage ; dès le début de l'après-midi, il était
prêt pour un nouveau vol. Et effectivement, Simonet s'envolait comme
la veille, avec la même facilté, dans un style de toute beauté.
Il vola ainsi 1 heure 2 minutes 3 secondes, au cours de laquelle il atteignit
l'altitude de 182 mètres au-dessus de son point de départ,
devenant par cette performance détenteur du Prix Louis Bréguet.
Par
son vol d'hier, Simonet, de plus, venait en tête des expériences
de durée et de totalisation des durées. Maneyrol allait lui
ravir cette place…. |

Castar posé dans les dunes de Vauville (ou Biville ?) [7] |
19 août
Le match France-Belgique se poursuit. A 8h30 du matin, Simonet prend le
départ pour un vol qui va durer 50 minutes 17 secondes. Le bon pilote
belge s'est trop avancé au-dessus de Vauville et de la mer. Il a quitté la
zone favorable et après dix minutes d'admirables efforts, ne pouvant remonter
la côte, il se décide à atterrir sur la plage. La Belgique
est revenue en tête de la totalisation avec 2 h 48 m 55 s.
A 14 heures 17,
le planeur Poncelet ayant été remonté au
camp, Simonet s'envole de nouveau. Sa maîtrise augmente visiblement
avec l'expérience. Sa connaissance du terrain lui permet maintenant
des évolutions beaucoup plus hardies en avant aussi bien qu'en arrière
de la crête.
Tandis que Simonet poursuit sa ronde, Maneyrol décolle sur son
Peyret. Les deux appareils volent de conserve et, de ce fait, l'intérêt
du spectacle augmente. Simonet se tient toujours à 50 mètres
au dessus de Maneyrol qui vire, monte, descend avec une aisance parfaite.
Maneyrol a quitté le sol à 14h40 ; il revient atterrir
au même point que la veille après avoir tenu l'air 2 heures
39 minutes 41 secondes. Avec son vol d'hier, Maneyrol totalise ainsi 4
heures 53 minutes 16 secondes.
Quelques minutes après l'atterrissage de Maneyrol, Simonet qui
a viré sur Vauville, revient à toute allure, amorce un nouveau
virage, pique, se redresse, et se pose doucement sur le terrain où,
comme Maneyrol d'ailleurs, il est vivement acclamé. Simonet a volé 2
heures 58 minutes 43 secondes ce qui porte à 5 heures 47 minutes
et 8 secondes son chiffre de totalisation.
Simonet conserve donc la tête des expériences de totalisation
et reprend la première place des expériences de durée.
|

Le roi Albert de Belgique en visite à l'aérodrome
d'Evère, le 10 novembre 1923,
devant le Castar équipé du moteur Sergant. L'aviette porte encore le n° 21
du concours de Lympne.
[5]
De gauche à droite : Le Major Smeyers, Commandant de l'Armée de l'Air belge
(caché par le roi), le Roi Albert 1er de Belgique, Lieutenant baron Kervin de Lettenhove, Lieutenant Victot Simonet et Paul Poncelet
|
20 août
…(Le matin Maneyrol vole 2 heures 40 minutes).
…Simonet lui, sur son excellent planeur Poncelet, partait à 9h11 avec
la même facilité que les jours précédents. Il volait
54 minutes, arrêté au bout de ce temps par la brume et le fameux
crachin. Obligé d'aller se poser sur la plage, il essayait de prolonger
son vol le plus possible et y réussissait assez bien puisqu'il allait
atterrir à 3 km 200 de son point de départ. Simonet prenait donc
la première place des vols de distance.Dans l'après-midi, le temps
s'améliorait. Maneyrol, sérieusement souffrant, avait dû regagner
Cherbourg, laissant la place libre à Simonet. Le bon pilote belge
s'envolait de nouveau à 15 heures 30. Hélas, la brume revenait
avec plus d'intensité que jamais, interrompant une randonnée
bien commencée. Simonet allait être contraint d'atterrir.
Il s'y décida en cherchant à améliorer la performance
de distance qu'il avait accomplie le matin. Se dirigeant vers Siouville,
il s'approcha de la plage où la haute falaise fait place à de
petites dunes de 3 à 6 mètres de haut. Et au dessus de ces
dunes, Simonet trouva encore un courant suffisant pour le porter, entre
4 et 5 mètres d'altitude, deux kilomètres plus loin, où il
se posa définitivement. L'expérience était remarquable :
des dunes ayant moins de 6 m de haut, parfois moins de 3 m , permettent à un
planeur de se sustenter sans le secours d'un moteur. Simonet dont le vol
avait duré 40 minutes, était allé atterrir à 5
km 10 de son point de départ. |
21 août
- … L'après-midi est marqué par les départs successifs à 2
minutes d'intervalle, de Simonet et de Maneyrol. Le duel franco-belge, duel amical,
loyal, intéressant, continue avec plus d'âpreté que jamais.
Il allait durer jusqu'à la nuit et se terminer, pour la journée,
par la victoire de Maneyrol. Un peu après 20 heures, Simonet, transi et
fatigué, revient atterrir : il a volé 4 heures 6 minutes 20
secondes. Maneyrol continue, puis se pose alors que le soleil se cache derrière
l'île d'Aurigny dans un décor incomparable. Maneyrol a volé 4
heures 22 minutes 13 secondes.
Maneyrol repasse en tête des expériences de durée avec ce
temps, et de totalisation avec 11 heures 55 minutes 29 secondes. Les chiffres
de Simonet sont de 4 heures 6 minutes 20 secondes et 11 heures 27 minutes 28
secondes. Simonet a en outre atteint la hauteur de 221 mètres .
22 août
- …Simonet, de son côté, partait à 9 h 26 et faisait un vol
de 50 m . 50 s. sur son planeur Poncelet. Il reprenait ainsi la première
place de la totalisation avec 12 h 27 m 18 s. Le barographe indiqua une hauteur
de 180 mètres.
23 août
- Le vent a tourné au Sud, glissant maintenant sur les falaises de Vauville
au lieu de les attaquer de front. L'ascendance n'est pas fameuse. Mais le planeur
Poncelet a tout de même pris l'air pour un vol que Simonet a réussi à étendre
pendant 1 h 33 m 10 s. Simonet est vraiment un pilote étonnant ;
il joint à cette qualité professionnelle une simplicité et
une modestie rares que les lecteurs des Ailes ont d'ailleurs pu apprécier
depuis longtemps. Le petit groupe belge qui est à Vauville ne compte que
des amis tant il s'est rendu sympatique.
Avec son joli vol de la matinée, le planeur Poncelet totalise à présent
le chiffre respectable de 17 h 39 m 58 s. Le planeur Peyret de Maneyrol vient
en second avec 11 h 55 m 29 s.
24 août
- …C'est d'abord Maneyrol qui, après un départ assez émouvant
sur le tandem Peyret, prend de la hauteur et commence ses évolutions tantôt
au-dessus de la mer, tantôt au dessus des landes. Il devait ainsi voler
3 h 14 m 30s.
Simonet suivit Maneyrol dans l'espace, mais par suite d'un brusque retour du
sandow, celui-ci resta accroché à l'appareil et s'en alla avec
lui. Simonet qui « sentait que quelque chose n'allait pas « ne
s'aperçut pas de sa surcharge imprévue… Il tint l'air 10 minutes,
mais ne parvenant pas à prendre de la hauteur, il atterrit dans le pré du … Le
sandow qui pesait plus de 15 kg et mesurait 40 à 50 mètres de long
offrait une énorme résistance à l'avancement de la machine
et il est même remarquable que celle-ci ait pu voler aussi longtemps dans
de telles conditions.
L'équipe belge, accourue avec quelques marins, aida Simonet à remonter
le planeur au camp, d'où il repartit sans encombre cette fois, pour un
beau vol de 1 h 44 m 50 s. Mais pendant ce temps, Maneyrol avait regagné deux
heures sur la totalisation de Simonet. Celui-ci, néanmoins, conservait
la tête….
25 août
- … Tandis que les avionnettes évoluaient, les planeurs ne restaient pas
inactifs. Simonet augmentait sa totalisation en volant 2 h 39 m 20 s…
26 août
– Pas de chance. Le vent souffle violemment mais la pluie l'accompagne. Les crêtes
de Vauville-Biville disparaissent complètement dans le brouillard. Vers
13 heures, le temps s'améliore légèrement.
Et sans attendre davantage, Thoret et son Bardin s'envolent, suivis bientôt
par Simonet sur son planeur Poncelet. Simonet pour son dernier vol, va tenir
l'air 2 heures 11 minutes. Il aura ainsi totalisé pendant les dix derniers
jours du Congrès, 24 heures 25 minutes 8 secondes. Le vaillant pilote
belge a dépassé le record de totalisation établi à Biskra
par Descamps.
La Belgique peut être fière de son pilote qui, servi, il est vrai,
par un excellent appareil, aura fait preuve durant son séjour à Vauville
d'une endurance exemplaire.
Finalement les résultats de Victor
Simonet sur le Poncelet Castar furent les suivants :
Vol de durée : 3e avec 4 h 6 m 20 s (Prix de la Ville de Cherbourg)
Totalisation : premier avec 24 h 25 m 8 s (4000 francs, Prix du Conseil
général de la Manche )
Hauteur : 1ier avec 295 mètres (5000 francs, Prix Louis Bréguet,
plaquette de vermeil de l'Aéro-club de France)
Distance : 2e avec 5 km 100 (4000 francs, Prix Charles Renard) |
Ses amis se souviennent
du télégramme qu'il reçut à cette occasion
et qui était ainsi libellé :
Félicitations
et amitiés – Albert.
Il chercha assez longtemps qui avait
pu le lui envoyer ; enfin quelqu'un trouva, l'expéditeur était
simplement le roi des Belges ».
C'est Eric Nessler qui raconte
cette anecdote dans son livre « Histoire
du vol à voile ».
Victor Simonet a décrit ses vols à Vauville dans un article publié dans
"La conquète de l'air" [9]
A
son retour en Belgique, Victor Simonet prospecte les pentes dans la région
de Liège,
Remouchamps, Visé, une fois le Castar remotorisé avec un moteur Coventry-Victor développant 16 CV.
Après le concours, Victor Simonet écrira :
"" [La Conquête de l'Air, 15 septembre 1923]
|

Croquis du Castar extrait de [6]
|
Meeting de moto-aviettes de Bruxelles (16 septembre 1923)
En septembre, le Castar rentre de Vauville [on ignore comment], mais son moteur n'est pas réparé alors que l'on est à huit jours du Meeting de moto-aviettes que l'Aéro-Club de Bruxelles organise (date). Dans l'urgence, Poncelet monte sur le Castar un moteur Coventry Victor, obligeamment offert par le constructeur belge de motocyclettes "Jeecy Vea". Mais l'appareil a toutes les peines du monde à décoller et ne parvient qu'à effectuer un tour de piste à trois mètres du sol. [7]
Caractéristiques du moteur Coventry Victor : deux cylindres opposés, 680 cc développant 16 CV à 3500 tours et 10 CV à 2000 tours [7]
"" [L'Aéronautique n° 54, novembre 1923] |

Victor SIMONET aux commandes du Castar équipé du moteur Sergant - octobre 1923 [Coll. AELR]
Photo prise sur l'aérodrome d'Evère - en arrière-plan un Farman 60 Goliath
|
Lympne 1923
Le Royal Aero-Club
britannique a organisé en octobre 1923, à Lympne, dans le Kent, un
concours richement doté, réservé aux moto-aviettes (avions
légers équipés de moteurs de faible puissance. Il s'agissait souvent
de planeurs motorisés). |
Victor Simonet, dans le poste de pilotage de son Castar
durant le meeting de Lympne [Flight].
|
Trois prix furent disputés
: un concours de distance à consommation donnée, un concours
de vitesse et un d'altitude.
Les planeurs motorisés
de Paul Poncelet, Castar et Vivette furent inscrits à ce meeting
de Lympne par J.B. Richard et J.A. de Ro respectivement, mais uniquement pour le concours
d'altitude.
Les performances du moteur Coventry-Victor ayant été décevantes, le Castar fut équipé
d'un moteur Sergant, (4
cylindres verticaux, à refroidissement par air, de 750
cm3 est utilisé. Un réducteur est intégré à ce
moteur).
Le Castar, se rendit en Angleterre
par ses propres moyens, traversant la Manche, en compagnie de la Vivette (équipé du même moteur).
Le Castar, piloté par Victor Simonet, fit
un excellent début
de concours, mais ne battit pas de record dans cette épreuve. Il
faut toutefois signaler qu'il a volé à une
vitesse de 58 mph (plus de 100 km/h)
ce qui l'aurait classé cinquième dans le concours de vitesse.
Notons que la Vivette, piloté par le
lieutenant baron Kervyn de Lettenhove, eut moins de chance : il fut accidenté
au cours d'un décollage. [6] [Voir la page "Poncelet Vivette"] |
_ 
Le Castar équipé du moteur Sergant, portant le n° 21 du concours de Lympne [11]
Photos prises dans le hangar de Lympne (?). Notons le réservoir d'essence amovible servant d'appui-tête au pilote.
|
Vauville 1925
|
|
Un meeting expérimental fut
de nouveau organisé à Vauville par l'AFA (Association française aérienne)
du 26 juillet au 9 août
1925. Les participants pouvaient présenter à ce concours :
- des appareils de vol à voile
-
des avionnettes monoplace ou biplace
- des appareils de bord ou de laboratoire.
La SABCA a présenté trois appareils dans
la catégorie planeurs :
- Monoplan Poncelet Castar [n° 10] (pilote Lieutenant
Victor Simonet)
- Monoplan Poncelet Vivette [n° 29] (pilote Commandant Massaux)
- Monoplan De Glymes [n° 30] (pilote Lieutenant
Demblon) |

Simonet s'apprête à décoller - Vauville 1925 ["Maneyrol" p 85]
Les aides (beaucoup sont des marins) tendent les sandows
|
Nous laissons ici encore la plume à Georges Houard dont le journal "Les Ailes" a
couvert l'évènement pour ses lecteurs [2]
Samedi 25 juillet 1925
- …On amène sur la piste le planeur Ferber, le
planeur Poncelet-Vivette, le planeur de Glymes, le planeur Nessler, puis
une peut plus tard le planeur Sablier.
Lancés au sandow en terrain plat, les planeurs Ferber et Vivette
accomplissent d'abord plusieurs bonds qui n'atteignent pas les 10 secondes
exigées. Puis le commandant Massaux repart et se qualifie avec 11
s 4/5.
Dimanche 26 juillet 1925
- A 9 h 55 m 18 s, le lieutenant Demblon, sur planeur de Glymes prend son
envol, suivi à 10 h 20 m 2 s par Victor Simonet, sur le Poncelet
Castar. A 10 h 47 m 46 s, le Commandant Massaux, sur le Poncelet Vivette,
s'envole à son tour. Les trois pilotes belges commençaient
leur ronde régulière entre Vauville et Siouville (ou Slouville ?),
montant, descendant alternativement, s'éloignant parfois à très
grande distance de leur point de départ, rasant les dunes du bord
de mer, ou au contraire, prenant une altitude considérable. Le vol
silencieux de ces trois machines de grande envergure était vraiment
splendide.
A 16 heures, les trois planeurs tournaient encore. Le lieutenant
Demblon avait dépassé les six heures de vol. On avait dès
lors, l'impression que les trois pilotes belges voulaient au cours de cette
première journée, battre le record du monde de durée,
officiellement détenu par Maneyrol avec 8 h 04 m .
A 16 h 30, Alfred
Auger se qualifie aisément avec le planeur Abrial-Peyret,
et à 16 h 49, il prend le départ pour un vol au cours duquel
il s'élève à plus de 700 m au dessus du point de départ,battant
ainsi le record du monde d'altitude détenu par Descamp.
|

Le lieutenant Victor Simonet devant le Castar.
Le moteur est
l'Anzani 7-10 CV
En chapeau, M. Demonty ingénieur à la SABCA
[1] |
L'accident de Simonet.
C'est un peu avant l'atterrissage d'Auger que le chronométreur M. Matabon
et le commissaire qui suit le vol des planeurs signalent la disparition de Simonet..
On attend un peu ; il ne réapparaît pas. Une voiture officielle
part à sa recherche. Nulle inquiétude encore : Simonet, pense-t-on,
a simplement atterri quelque part vers Siouville. Van Opstal, qui va prendre
le départ pour la course quotidienne des aviettes, prévient que
s'il voit le planeur de Simonet, il lancera un message situant le lieu de l'atterrissage,
afin qu'on aille à coup sûr le dépanner.
Ici se passe l'évènement douloureux de la journée, qui jette
sur notre joie un voile d'infinie tristesse. Van Opstal et de Bruyker nous ont
lancé à leur premier passage, un plan qui situe l'endroit où Simonet
est descendu : c'est dans le ravin de Biville. Nous n'insisterons pas sur
les alternatives d'espoir et d'inquiétude par lesquelles nous passons
une heure durant où des bruits contradictoires nous arrivent. Disons seulement
qu'à 18 heures, la nouvelle officielle nous parvient : on a retrouvé le
pauvre Simonet tué à côté de son appareil brisé. |
La journée s'achève dans la plus sombre tristesse. Là-haut,
pourtant, les deux pilotes belges tournent encore, dans l'ignorance où ils
sont du malheur qui vient de nous frapper. Ils battent des records. A 18
h, le lieutenant Demblon a battu le record officiel de durée qui était
encore à Maneyrol. A 19 h 7 m il a battu le record officieux du
sergent Wernert. Le Commandant MASSAUX sur la Vivette atteint à son
tour les chiffres records. Nous devrions crier notre joie et cependant
l'accident de Simonet fait que nous nous taisons et, à vrai dire,
ne souhaitons qu'une chose : l'atterrissage des deux planeurs.
Le soir, le lieutenant Demblon, obligé d'atterrir sur la plage se posait
si malencontreusement qu'il brisait complètement son planeur et qu'il
ne dut qu'à son casque de ne pas être sérieusement blessé.
Ces deux accidents furent dus tous les deux à des ruptures de commande
: rupture de la commande de profondeur de Simonet, et rupture de la commande
de gauchissement de M. Demblon.
Ainsi se termina tragiquement l'histoire du Castar. |
_
Vauville 1925 [7]
Le Castar remorqué par un camion militaire dans le camp - A droite l'épave du Castar après la chute mortelle de Victor Simonet
|
|
RÉFÉRENCES
|
[1] Vauville,
la version belge, Francis Humblet
in
Vieilles
Plumes n°12, "Les années 1923 à 1932",
Commission historique de la FFVV,
automne 2001.
[2]
Compte-rendu des Congrès expérimentaux
de Vauville en 1923 et 1925, Pierre Vaysse et Jacques Marceau
in Vieilles Plumes n°12, "Les
années 1923 à 1932", Commission historique de
la FFVV, automne 2001.
[3] Les faucheurs de marguerites, Association
de propriétaires et d'amateurs de planeurs anciens. Page d'histoire http://www.faucheurs.com/faucheurs/histoire.htm
[4] BAHA, Belgian
Aviation History Association, site
de Daniel Brackx, http://www.baha.be/Webpages/Navigator/Photos/CivilPics/first_register/poncelet_castar.htm
[5] The belgian civil register, http://www.asa-be.com/photogallery_BCR_O-B.htm [Lien mort]
[6] Rapport technique du NACA sur les appareils ayant
participé au meeting de Lympne en 1923
http://ntrs.nasa.gov/archive/nasa/casi.ntrs.nasa.gov/19930086284_1993086284.pdf
[7] Les avions SABCA et associés (prototypes et projets) ,
par Charles Mali, Fond national Alfred Renard : http://www.fnar.be/
Présentation de l'ouvrage : http://www.aerostories.org/~aerobiblio/article966.html
[8] Flight archives, 6 décembre 1923.
[9]
La Conquête de l'air N° 18
du 15 septembre 1923, reproduite dans la revue "Les Cahiers des Faucheurs
de Marguerites" du
3ème trimestre 2003. Article dans lequel Victor Simonet raconte ses
vols historiques à Vauville en 1923.
[10]
SABCA-Poncelet Castar, Brussels Air Museum Magazine N° 163 (3e trimestre 2014). Article avec 2 photos, plan 3 vues et specs.
[11] Avions construits en Belgique : SABCA-Poncelet Castar, Jean-Pierre Decock. Fond national Alfred Renard (FNAR). Article avec 2 photos, plan 3 vues et specs.
[12] Flight archives, 12 juillet 1923 ; 2 août 1923.
[12] Les Ailes n° 110, 26 juillet 1923. Site Gallica BnF
|
Page
créée le
14/01/2009, dernière mise à jour 28//04/2022 |
Des vieilles toiles aux planeurs
modernes © ClaudeL 2003 -
|
|
|
|