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Vélo vole ? |
Dès
les débuts de l’aviation, les pionniers ont tout de suite cherché
à faire voler des machines à l’aide de la seule force musculaire
humaine et l’idée d’adapter des ailes à une bicyclette
s’est tout naturellement imposée, le vélo étant le véhicule qui permet
d'exploiter au mieux les muscles humains les plus puissants (ceux des
jambes), et avec
lequel il est possible d’atteindre, moyennant un effort raisonnable,
des vitesses suffisantes pour pouvoir espérer décoller.
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1885-90 - Dumitru Matache POPESCU
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Vers
1885-90 Dumitru Matache Popescu, un roumain né à Titesti Muscel, aidé
par des charpentiers, installe des ailes sur une bicyclette et fait des
essais sur une pente près du monastère de Titesti. Malgré de multiples
casses de matériel et blessures corporelles, il persiste dans ses
tentatives de décollage. Il installe sur sa machine une hélice
entraînée par le pédalier et finit par réaliser quelques petits vols.
Puis il quitte Titesti, devient forgeron et son intérêt se tourne alors
vers les aérostats.
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1901 - Jean-René LAGASSE |
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Jean-René
Lagasse était un passionné d’aviation, qui se fera connaître dans les
années 1920 en dessinant, entre autres machines, les planeurs école
Éole et Sulky, et en créant à Balma, près de Toulouse (France) une
école de vol sans moteur. Mais à l’aube du XXè Siècle, il avait déjà
une
expérience certaine de la construction comme le montre la photo
ci-dessous :

En 1901 le toulousain Jean-René
Lagasse construit une machine de sa
conception,
avec laquelle il aurait, dit-on, réalisé quelques sauts [1]
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1901 - Le record de Peter O'CONNOR |
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Le 5 août 1901, Peter O’Connor, un irlandais réalise à Dublin un saut de 7,61 mètres. [3] |
1904 - "Aeroplano" de Guido DINELLI |
El aparato utilizado fue descripto en un artículo publicado en 1904 por el periódico Luz y Verdad de la ciudad de Tandil, en donde se dice: “Hemos tenido ocasión de hablar con el señor Guido Dinelli, inventor y constructor del “Aeroplano” (sic), y nos comunica: que él no pretende, como ha dicho un colega local y ha sido repetido por la masa popular, volar por los aires o elevarse con su aparato desde las sierras; sino simplemente a favor de una ráfaga de viento que tendrá que aprovechar, deslizarse desde lo alto de la sierra de la calle Belgrano y llegar a estabilizarse en el aire. Pesa el aparato, con el señor Dinelli incluso, 96 kilos, y es enteramente sencillo. El experimento no responde a un fin especulativo como dicen algunas malas lenguas; es puramente una prueba científica. El señor Dinelli no puede fijar la hora en que ésta se verificará; será desde la una de la tarde, de mañana en adelante, pues tiene que esperar que el viento lo favorezca”.
L'appareil utilisé a été décrit dans un article publié en 1904 par le journal Lumière et la Vérité de la ville de Tandil, où il est dit: « Nous avons eu l'occasion de parler à M. Guido Dinelli, inventeur et constructeur du » avion « (sic) et nous communiquons: qu'il n'a pas l'intention, comme vous l'avez dit un collègue local et a été répétée par les masses, souffler ou augmenter avec votre appareil de la montagne; mais simplement en faveur d'un coup de vent qui profitera, glisser du haut de la rue de montagne Belgrano et obtenir à se stabiliser dans l'air. Pèse l'appareil, avec M. Dinelli même 96 kilos et est tout à fait simple. L'expérience ne répond pas à un but spéculatif que certains commères disent; Il est purement un test scientifique. M. Dinelli ne peut pas régler l'heure où il est vérifié; sera d'un l'après-midi de demain, il doit attendre les faveurs de vent ".
En la edición del 1 de octubre de 1944 del diario La Nueva Era de la ciudad de Tandil se publicó por primera vez la conocida fotografía del planeador, con un epígrafe que, sin mencionar al protagonista, decía: “Aquí está la bicicleta aérea, avión primitivo, fruto de la imaginación de un entusiasta, cuyo coraje lo llevó hasta hacer la gran prueba en Tandil. A una bicicleta le adosó unas alas y algo parecido a un toldo o dosel. Con solamente estos elementos pretendió volar. Han pasado cuarenta años desde esa fecha en que, este precursor del progreso aéreo, convocó la curiosidad de las gentes que no salían de su asombro..
« Voici le vélo aérien: Dans l'édition du 1er Octobre 1944, le journal La Nueva Era ville de Tandil a été publié la première photographie connue du planeur, avec une épigraphe, sans parler de la protagoniste, at-il dit primitive, fruit de l'imagination d'un passionné, dont le courage l'a amené à faire le grand test dans Tandil. Une bicyclette ailes et il se penchait quelque chose comme un auvent ou un auvent. Avec seulement ces éléments destinés à voler. Quarante ans se sont écoulés depuis cette date, cette progression précurseur de l'air, appelé la curiosité des gens qui ne sont étonnés .. |

Guido DINELLI sur son "Aeroplano" [20] |
Desde la altura del Cerro Garibaldi se lanzó al espacio. No voló. Aterrizó y lo que es peor, contra una piedra. La gente había previsto el desenlace; pero no imaginaba a que altura rayaría el progreso aéreo en estos tiempos. “Esta fotografía había sido tomada en 1904 por el vecino Carlos Pierroni, y fue luego reproducida en casi todos los trabajos sobre este tema, pero por motivos desconocidos se le atribuyó la paternidad del planeador principalmente a Pablo Suárez, mencionándose a Guido Dinelli sólo en forma muy tangencial, cuando en realidad la actuación de Suárez, si existió, se limitó a la de un simple espectador del vuelo.
De la hauteur du mont Garibaldi a été lancé dans l'espace. Il n'a pas volé. Il a atterri et ce qui est pire, contre une pierre. Les gens avaient prédit les résultats; mais pas imaginer que la hauteur avoisinerait les progrès de l'air dans ces temps. « Cette photographie a été prise en 1904 par le voisin Carlos Pierroni, et a ensuite été reproduit dans presque tous les travaux à ce sujet, mais pour des raisons inconnues, il a attribué la paternité du planeur principalement Pablo Suárez, Guido mentionner Dinelli seule façon très tangentielle, alors qu'en fait, la performance de Suarez, si elle existait, se limitait à un simple vol spectateur. |
1904 - Le "cycloplane" de SCHMUTZ |
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[17]
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1906 - L'Aerocicloplano d'Aldo CORAZZA
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En 1906, un
pionnier italien du vol sans moteur, Aldo CORAZZA, qui correspondait avec
Octave Chanute et avait déjà construit deux planeurs légers depuis 1904,
dessine et construit une machine à propulsion musculaire très originale, qu’il appelle l’Aérocicloplano. La machine à peine
terminée, il est expressément invité par le Comte Almerico da Schio à
participer à l’exposition internationale de Milan de 1906. L’Aerocicloplano y eut
un grand succès et Aldo Corazza obtint la médaille d’argent de l’exposition. [4]

L’Aerocicloplano d’Aldo Corazza
L’appareil était un biplan avec deux ailes intermédiaires
disposées longitudinalement. La stabilité longitudinale était assurée par un
plan canard à l’avant. L’ensemble était fixé sur une bicyclette quelque peu
modifiée pour assurer l’entraînement de deux hélices lors du pédalage. La machine pesait 51 kilogrammes.
Après l’exposition de
Milan, Corazza avait inscrit sa machine à un concours qui devait avoir lieu à
Brunate. Pour on ne sait trop quelle raison, le concours fut annulé et Corazza
rentra chez lui à Este sans avoir pu tenter de faire voler l’Aerocicloplano.
Il envisagea alors de remplacer la bicyclette par une
motocyclette, mais n’ayant pu obtenir de subvention du gouvernement italien, à
la fin de 1906, il transforma radicalement la machine en planeur léger :
exit le vélo, les hélices et les ailes intermédiaires. L’ajout d’un plan
stabilisateur arrière lui permit d’obtenir un planeur tout à fait satisfaisant
avec lequel il effectua l’année suivante quelques petits vols dans les collines
des environs de Este.
Ainsi s’acheva la carrière aéronautique du pionnier Aldo
Corazza. [4]

Aldo Corazza volant avec l’Aerocicloplano reconverti en planeur.
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1907 - La première expérience de Luigi Teichfuss
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En 1907, le jeune et intrépide Luigi Teichfuss, âgé de 23
ans, champion cycliste reconnu construit un appareil à propulsion musculaire
de sa conception : monoplan, entraînement d’une grande hélice basé sur une
mécanique de bicyclette. Le jeune champion, enthousiaste mais aussi un brin
inconscient, avait une foi inébranlable en son appareil et ses capacités athlétiques. [5]

Luigi Teichfuss juste avant sa tentative malheureuse de vol. Deux
pierres calent les roues le temps de la prise de vue.
Malgré l’altitude élevée (1400 mètres) il n’hésita pas à
tenter de mettre en l’air son engin sur une pente herbeuse de la montagne de
Pian del Falco, près de Sestola (Modène) où il habitait.
Et voilà notre valeureux champion, pédalant de toute son
énergie dans la pente qui défile sous ses roues, toujours dans l’herbe et
refusant désespérément de décoller jusqu’à … l’extrémité du pré.
Résultat : appareil complètement détruit,
constructeur-pilote meutri et dents cassés par la violente rencontre
avec la tige métallique qui servait de longeron et passait devant le
« poste de pilotage » ! Luigi Teichfuss effacera brillamment ce cuisant échec en devenant
pendant deux décennies (de 1920 à 1943) le plus prolifique designer de planeurs
en Italie.
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Un inventeur mexicain en 1908 |
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L'Aerocurvo en construction, présentée par Manuel VENTOSA, son inventeur [10] |
On trouve trace d'un inventeur, le catalan Manuel VENTOSA, qui a construit, en 1908, une bicyclette volante, appelée Aerocurvo , avec laquelle il aurait réalisé un certain nombre de "vols" de démonstration à Puebla (Mexique) [10]
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1909 - Le Cycloplane de DRUIFF & NEATE |
En 1909, Mrs. C.G. Spencer & Co. de Highbury, Londres, construisent une machine volante à propulsion par pédalage, pour les deux designers DRUIFF et NEATE.
Les pédales entraînaient un hélice de 1,22 m de diamètre [l'installation d'un moteur avait été envisagée]. Les ailerons en bouts d'ailes et l'empennage étaient commandés depuis le guidon par des câbles
Envergure
6,10 m. Corde 1,52 m. Surface alaire 100 sq ft. Poids 23 kg |

[14] [15]
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1909 - Les appareils de Andrew L. DUGUE |
La même année, durant l'automne, un britannique dénommé Andrew DUGUE construit deux machines volantes.
The No.1 machine had a monoplane wing mounted on a bicycle. A rear extension carried a rudder linked to the handlebars and a propeller driven by a system of chains and sprockets linked to the bicycle's pedals. A front extension carried an elevator controlled by a joystick.
The No.2 machine was similar in layout but had the airscrew mounted in front of the handlebars. .
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[16]
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1909 - Le "cycloplane" du Comte Gustave de PUISEUX |
En 1908-1909, le Comte Gustave de PUISEUX conçoit une bicyclette volante et la construit (ou fait construire) avec le constructeur d'aéroplanes G. VINET.
""
Des essais sont menés à Ouistreham (Calvados), où se trouve la propriété de la famille de Puiseux. On ignore ce que ces essais ont pu donner... [35]
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Le Cycloplane à Ouistreham (Manche) - 1909 |
D'après l'Aérophile, de Puiseux avait précédemment conçu l'aéroplane à propulsion musculaire ci-dessous. |

Appareil à propulsion musculaire du Comte de Puiseux [L'Aérophile, 1 mai 1912] |
Les prix et concours de l'année 1912 |
L'année 1912 marquera le développement d'un mouvement en faveur du "vol à propulsion musculaire" qui se traduira par l'offre de divers Prix et l'organisation de plusieurs concours.
9 janvier 1912 : Emmanuel Aimé publie un article "La bicyclette volante, l'aviette" dans le journal L'Auto, "". C'est dans cet article qu'il introduit le terme "aviette" qui sera immédiatement adopté par la communauté.
Ce journaliste écrira régulièrement des articles dans le quotidien L'Auto et sera le promoteur le plus zélé de la formule.
"", par Emmanuel Aimé, L'Auto mardi 9 janvier 1912.
Le dessin ci-dessous traduit bien l'enthousiasme qui animait certains optimistes en 1912 !
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[L'Auto 2 juin 1912] |
Le prix Peugeot (Prix du Décamètre) |
Au début de l'année 1912, Robert
PEUGEOT, industriel français bien connu pour ses constructions automobiles et
ses cycles, offre un prix de 10 000 francs au premier « pilote » qui décollerait du sol grâce à sa seule
force musculaire et parcourrait une distance minimale de 10 mètres. Le saut
devait être effectué deux fois, dans deux directions opposées afin de compenser
l’effet du vent éventuel soufflant au moment des essais. |
Le 2 février 1912, L'Auto publie le règlement officiel de ce Prix.
"", , par Emmanuel Aimé, L'Auto vendredi 2 février 1912.
14 février 1912 : un complément du règlement est publié, toujours par L'Auto.
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Prix Georges J. DUBOS pour les aviettes à ailes battantes |
Bernard J. DUBOS
[L'Auto 5 juillet] [L'Aérophile 1ier mars 1913] |
Le prix du Décimètre (Prix Georges DUBOIS) |
Au cours du printemps, un certain Georges DUBOIS LE COUR [on trouve aussi simplement le nom de Georges Dubois], offre un prix d’un
montant de 500 francs, qui sera attribué au premier "avietteur" qui pourra effectuer, dans les deux sens, un bond de 1 mètre minimum (plus la longueur de l'aviette) à une hauteur minimale de 10 centimètres.
[L'Auto 5 juin]
[Retrouver l'annonce de ce prix et le règlement complet]
Qui est Georges DUBOIS ? |
Premier concours d'aviettes - Issy-les-Moulineaux, 27 mai 1912 |

Un essai d'Emmanuel GARCIA à Issy-les-Moulineaux |
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L'aviette de M. REYNAUD |
[Remarque : n'y a-t-il pas confusion avec le Prix Dubois du Décimètre, le prix de 1000 francs pour le Décimètre ayant été proposé par Peugeot après le concours du 2 juin 1912 ?]
[La Revue Aérienne 10 juin 1912 p 316] |
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Concours du 2 juin 1912 pour le Prix Peugeot de 10.000 francs |
Un concours d'aviettes est organisé sur le Vélodrome du Parc des Princes, à Paris, le 2 juin 1912, par le journal L'Auto, sous l'égide de l'Aéro-Club de France, pour que les concurrents puissent tenter de remporter le Prix Peugeot. |
On trouve dans L'Aérophile du 1 mai 1912 un rappel du règlement ainsi qu'une analyse des types d'aviettes susceptibles de décoller. L'auteur classe les machines en trois catégories :
" "
"", |
Liste des 198 inscrits, L'Auto 2 juin 1912 |

[L'Aérophile 01/06/1912, page 258] |
Le
concours provoque un
grand engouement : pas moins de 198 candidats s’inscrivent [25], mais
finalement 23 seulement
se présentent le jour du concours. Certains des compétiteurs
travaillaient dans
des firmes aéronautiques connues comme Farman ou Voisin, mais la plupart étaient des
amateurs ayant bricolé des machines très diverses et plus ou moins
farfelues. Le concours était supervisé par une commission de 9 membres,
personnalités du monde de l’aviation et de l’industrie. [Je n'ai pas trouvé la composition de cette commission]
Mais malgré tous les efforts déployés par les concurrents enthousiastes aucun ne réussit
à quitter le sol, et l'Aérophile note simplement : |
" [L'Aérophile 15 juin 1912] |

1 - Monoplan type Langley, de M. VINCENT (n° 35), qui décolla de la roue avant. 2 -
Biplan HARRY (n° 87)
3 - Un capotage 4 - Aviette de M. GROUSSY (en fait GROUESY) [L'Aérophile 15 juin 1912 p 281]
Remarque : Grouesy a été oublié dans la liste des participants publiée par l'Auto le 3 juin 1912.
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L'Auto publie le 3 juin le bref compte-rendu suivant :
[les photos de]
(*) L'auteur feint d'ignorer le précédent concours d'Issy-les-Moulineaux le 27 mai dernier, certes beaucoup moins "médiatisé" !
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Les participants au Prix Peugeot du 2 juin 1912 [L'Auto 3 juin 1912]
Le numéro de Mauve (Paris) a changé par rapport à la liste des inscrits publiée le 2 juin.
105 : Reynaud et non Raymond ? 133 : Mediamale et non Mediamole ? 174 : Carrière ?
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Aviette de PIAT (n° 10) [Wikibooks]
[Planeurs et Avions Maurice Brochet, Cépadues Editions 2021 p 28]
Aviette de PIAT (n° 10) [L'Auto 3 juin 1912]
VINCENT (n° 35) [Wikibooks]
GROUESY [ou GROUSSY selon les sources] (n° 64), est venu de Dôle pour participer [origine inconnue]
Il ne figure pas dans la liste des participants publiée par l'Auto [3 juin 1912] mais est dans la liste des inscrits [2 juin 1912]

GROUESY (n° 64)
BERGER (n° 69) [Wikibooks]
GAILLARD [ou Gailliard ?] (n° 75) [Wikibooks]

HARRY (n° 87) [Wikibooks]
RAYMOND (n° 105), de Paris
BRIEL (n° 106), Paris [Wikibooks]

Aviette Auto-Ecole (n° 128) [source inconnue]

Aviette de M. TOULERON (n° 151) [Wikibooks]
M. Touleron, de Cosne, a participé en tenue militaire, casquette comprise (et la cigarette au bec) !
L'aile a quelque peu souffert durant les essais.

1912 - Aviette n° 38 - Un des concurrents du Prix Peugeot ?
Si l'année est exacte, le numéro 38 correspondant au Prix Peugeot du 2 juin, pourrait être celui de RAYMOND, de Nice ?
[photo Jacques-Henri LARTIGUE] [12]
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* Le 4 juin, l'Auto annonce que la prochaine épreuve pour le Prix Peugeot sera organisé en octobre 1912.
* Le 5 juin, le journal donne des précisions sur le concours d'octobre. De plus il rappelle que le Prix Georges DUBOIS (Prix du Décimètre de 500 francs) reste à gagner :
""
Au vu des résultats
obtenus, la Commission du concours conclut que la tâche était trop difficile compte tenu
des connaissances aérodynamiques de l’époque, et elle suggéra à Robert Peugeot
de sponsoriser une compétition de niveau plus abordable.
Robert Peugeot accéda à la demande de la commission et, tout en maintenant son premier prix (Prix du Décamètre de 10.000 francs), il proposa
un nouveau prix de 1.000 francs pour un saut de longueur 1 mètre minimum, à une hauteur
minimale de 10 centimètres, et dans les deux sens (Deuxième Prix Peugeot). Les concurrents étaient libres de tenter de gagner ce prix où et quand il le désiraient, et il leur incombait de convoquer un commissaire de l'Aéro-Club de France pour officialiser leur performance.
[
Bizarrement le quotidien L'Auto ne parle pas de l'instauration de ce prix après le 2 juin ?
Remarque : Ce deuxième prix Peugeot est aussi appelé "Prix du Décimètre" mais il ne faut pas le confondre avec le Prix Dubois de 500 francs dont le règlement est le même. |
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4 juillet 1912 - Gabriel POULAIN gagne le deuxième Prix Peugeot (Prix Peugeot du Décimètre) |
Poulain gagne le Prix Peugeot du Décimètre
Les choses ne traînèrent pas, puisque quelques jours
plus tard, le 4 juillet 1912, à Viry-Châtillon, Gabriel POULAIN s’adjuge ce prix, avec son Aviette, bicyclette équipée d'ailes. Gabriel Poulain, originaire de Saint Hélier, île de Jersey,
avait 28 ans cette année-là. Ce n’était pas un inconnu en France et en Europe, car c’était
un coureur cycliste sur piste au brillant palmarès : champion
de France en 1905 (il le redeviendra aussi en 1922 et 1923) et champion du monde de sprint en 1905 (2e en 1906, 1908, 1909 et 1923)
Il réussit à rester soulevé sur une distance de 3,6 mètres plus la
longueur de sa bicyclette à son premier essai et de 3,3 m à son second
essai en sens inverse, comme le voulait le règlement.
A partir de ce moment-là, Gabriel Poulain se passionna
pour le vol à propulsion humaine et pendant dix ans il se consacra à des
recherches et développements de sa machine, pour enfin faire de nouveau parler
de lui en 1921 en s'adjugeant le Prix Peugeot du Décamètre [voir infra].
[L'Auto du 5 juillet 1912]
"
"
Remarque :
Selon la source on trouve les noms de DUBOIS LE COUR [L'Auto 5 juin], Bernard J. DUBOS [L'Auto 5 juillet], George DUBOIS [source inconnue] |

Gabriel POULAIN sur son Aviette, lors du Prix Peugeot du 2 juin 1912 (?)
(Coll. Royal Aeronautic Society [3])
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J'ai un doute sur la date de cette photo : en effet Poulain ne figure pas parmi les participants au concours du 2 juin. Serait-ce le 4 juillet ? Mais la foule est bien nombreuse pour une épreuve individuelle qui n'a pas été annoncée dans la presse. La question reste ouverte. |
19 octobre 1912 - Sigmar RETTICH gagne le Prix Dubois du Décimètre |
* Le prix Décimètre
Prix d’un
montant de 500 francs, offert par George DUBOIS pour un saut de 1 mètres à une
hauteur de 10 centimètres minimum. Ce prix fut gagné par un coureur cycliste
allemand du nom de Sigmar Rettich (ou Rettig), le 19 octobre 1912 :
|
" |

Sigmar RETTICH [L'Aéro 20 octobre 1912] |
"
[L'Aéro 20 octobre 1912]
Ajout photos "gallica" et page livre / |

Sigmar RETTICH bondit au-dessus des arceaux hauts de 10 cm et distants de 1 mètre [23]

Publicité pour les cycles La Souveraine-Violette [L'Aéro 21 octobre 1912, Gallica-BnF]
Publiée dès le 21 octobre, deux jours après la performance de Rettich
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24 novembre 1912 - Deuxième concours du Prix Peugeot |
17 participants pour le prix du décamètre, à ce deuxième concours.
Seul Jacquelin réussit à "décoller" sur 60 centimètres (non participant pour le "Décamètre" semble-t-il) |
""
L'auteur donne la liste des 17 concurrents du prix du décamètre.
[L'Auto 25 novembre 1912] |

Nom des 17 engagés pour le Prix du Décamètre (Prix Peugeot de 10.000 francs) du 24 novembre 1912.
Ils recevront une médaille de la part de L'Auto
RAYMOND est le seul de la liste ayant aussi participé au premier concours le 2 juin 1912.

"Jacquelin et son planeur, qui lui ont permis de franchir 60 cm sans toucher le sol"
"Le numéro 147 !"
Caricature de Jacquelin qui portait le numéro 147 lors de ce concours.
|
""
[Air Journal] [27] |

Concours du 24 novembre 1912 - Vélodrome du Parc des Princes [27]
On lit n° 18 sur l'aileron. (voir série "Gallica" qui donne 1913 comme année) |
[Air Journal] [28] |
Concours de l'aviette du 1ier décembre 1912 (Prix Peugeot) |
Remarque
Il est curieux qu'il y ait eu deux concours à une semaine d'intervalle ?
Le journal L'Auto ne parle pas de ce premier décembre,
Je pense que l'Aérophile a fait une erreur de date et qu'il s'agit en réalité du concours du 24 novembre.
. |
[ L'Aérophile 15/12/1912 page XIV]
""
Les
6 photos suivantes montrent quelques types d'aviettes à la dernière mise en compétition du Prix Peugeot le 1er décembre 1912. |

Aaviette n° 147 montée par JACQUELIN, l'ancien champion cycliste (Photo Rol)
Une aviette à ailes battantes (photo Meurisse)
L'aviette du cycliste Paul DIDIER (Photo Rol)
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Autre photo de Paul DIDIER [19]
"Un champion cycliste français (spécialiste de vitesse), Paul DIDIER, participe au Grand Prix Peugeot. Il réalisera un bond de 5 mètres."

1912 - Paul DIDIER participe au Prix Peugeot [19]
V
élodrome du Parc des Princes. Cette photo a vraisemblablement été prise le 24 novembre 1912 ?
Ou alors concours de juin 1913 ? L'appareil n'est pas le même que celui de la photo précédente.
S'il s'agit bien de Paul Didier dans les deux cas, les photos ne correspondent pas au même concours.
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* Le prix Michelin
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Prix de 2.000 francs offert par la firme Michelin pour un saut de 5 mètres, sans condition de hauteur semble-t-il.
Gagné par Paul DIDIER le 21 décembre 1912. [la date est-elle erronnée ?]
Aucune référence pour le gain de ce prix
[source [2] ?] |
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Prix Bernard J. DUBOS pour les aviettes à ailes battantes
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Prix proposé en février 1913 par un mécène bordelais, Bernard J. DUBOS, très impliqué dans les activités de l'Aéro-Club de France..
A-t-il été gagné ?
[L'Auto 5 juillet]
[L'Aérophile 1ier mars 1913] (ajouter texte et pdf) |
"", par P. James
"" |
__ |
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Concours du 15 juin 1913 : Prix Peugeot du Décamètre et Prix du Lancement de l'Aviette |
Un concours d'aviettes est organisé, sous le patronage de l'Aéro-Club de France, avec le concours du journal L'AUTO, au Vélodrome du Parc des Princes, le 15 juin 1913 mettant en jeu trois prix :
-
le Prix Peugeot du Décamètre (10.000 francs),
-
le Prix du Lancement de l'Aviette (trois prix de 2.000, 1.000 et 500 fr) offerts également par la firme Peugeot.
- le Prix Bernard J. Dubos de 1.000 francs spécialement réservé à l'aile battante. Ce prix ne sera pas gagné et restera en compétition jusqu'au 30 juin.
Quelques précisions sur ce concours et sur le Prix du Lancement de l'Aviette [L'Industrie vélocipédique et automobile, 7 juin 1913 p 355] [33]
«» |
[L'Auto 16 juin 1913]
|
[L'industrie vélocipédique et automobile, 21 juin 1913 p 384] [33]
|

BERNHARD, sur bicyclette La Souveraine-Violette, gagne les 2.000 francs du Prix du Lancement de l'aviette
[Extrait d'un livre inconnu, via forum Tonton Vélo] |
Une belle série de photos prises pendant le concours de juin 1913 [Agence Meurisse 1913, Gallica BnF] |






La même que la précédente, vue sous un autre angle
[autre photo in Planeurs et Avions Maurice Brochet, Cépadues Editions 2021 p 28]

[Agence Meurisse 1913, Gallica BnF]

Aviette n° 18

La même qu'au dessus très éclaircie
[eBay]
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Deux autres aviettes présentées au Parc des Princes en juin 1913.
Photos extraites du livre de J.Borgé et N.Viasnoff : " Archives du Vélo" [via forum Tonton Vélo] |


[même photo (sans légende) in Planeurs et avions Maurice Brochet, Cépadues Editions 2021 p 29]
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Juin 1913 - Communication de M. MAGNAN |
Le 17 juin 1913, l'Auto publie une communication de M. Magnan
" " [A ajouter]
[L'industrie vélocipédique et automobile, 21 juin 1913 p 384] [33]
« » |
Course poursuite au Vel d'Hiv - du 14 décembre 1913 |
L'aviette au Palais des Sports
Annonce d'un course entre René BERNHARD [lauréat du prix Peugeot de 2000 francs et du prix de 500 francs offert par l'Auto] et F. BÉGNEZ, annoncée pour le dimanche 14 décembre 1913.
[L'Auto vendredi 12 décembre 1913]
«
»
Au Vel d'Hiv. René Bernhard fut le vainqueur.
Ouiest Éclair du 15 décembre 1913 (rien trouvé dans l'édition de Rennes sur Gallica, ni ailleurs) |

René BERNHARD - vainqueur de Bégnez dans la poursuite du Vel d'Hiv, 14 décembre 1913 [via forum Tonton Vélo]
En juin dernier il avait déjà gagné le Prix du Lancement de l'aviette au vélodrome du Parc des Princes

F. BÉGNEZ
[via forum Tonton Vélo] |
Salon de la Locomotion aérienne de Paris 1913 |
25/11/1913 : L'Auto, qui l'avait annoncé dès le 2 octobre, confirme qu'un stand sera réservé aux aviettes pendant le Salon de la Locomotion Aérienne qui doit se tenir du au Grand Palais à Paris, à partir du 5 décembre 1913.
Ajouter quelques notes de l'Auto |
Aviette Métalloplan |
Au Salon de l'Aviation de Paris, en décembre 1913, un artisan stéphanois, Marius MAZOYER, passionné d'aviation et constructeur de bicyclettes, motocyclettes, et même d'appareils à structure métallique (planeurs et aéroplanes), présente une aviette de sa conception qu'il appelle "Métalloplan".
[29] [30]
On ignore s'il a participé à des concours officiels. |

L'aviette Métalloplan de Marius MAZOYER (1913)
Une aviette de Mazoyer a été exposée durant le Salon Rétromobile 2018 à Paris
[29] |
1912-1923 - Autres prix improbables |
Durant les deux années (1912-1913) d’intense activité dans le domaine de
l’aviette, d’autres mécènes offrirent des prix pour stimuler la recherche des performances en vol à
propulsion musculaire, souvent utopiques :
* Le prix Dubois de 700 francs pour un vol à une hauteur de 10 mètres. Ce prix ne fut jamais
gagné.
* Le prix de La
Justice, de 100 000 francs, offert par le quotidien parisien de même
nom [34]. Il s’agissait là d’effectuer un vol de Paris à Versailles et retour avec
une machine à propulsion musculaire. Il va sans dire que ce prix n’a jamais été
gagné mais que le journal a pu ainsi se faire une belle publicité à bon
marché !
[2 p 7]
Puis ce fut la
guerre en Europe, qui amena comme on le sait d'énormes progrès dans le domaine de l’aviation à moteur.
Après la guerre, Poulain continue de se passionner pour le
vol à bicyclette ! Mais par contraste avec l'amateurisme des constructeurs de 1912-1913, Poulain pour perfectionner sa machine, qu'il continue
d'appeler Aviette, adopte une démarche beaucoup plus professionnelle. il collabore avec Édouard NIEUPORT, lui-même coureur
cycliste réputé, et fondateur de la Société Anomyne des Établissements
Nieuport. Pendant la guerre, Nieuport avait construit des avions de
combat en grand nombre. Ce sont les ingénieurs des Établissements
Nieuport qui travaillent sur les calculs et dessins de l'Aviette et les
ailes sont mêmes testées dans une soufflerie aérodynamique. |
|
QUELQUES AVIETTES GLANEES SUR LA TOILE |
Suivent quelques aviettes pour lesquelles nous n'avons que peu d'informations, et qu'il n'est pas toujours possible de dater. |
Aviette PERCEVAUT |

Aviette PERCEVAUT [29]
"Vitesse moyenne garantie 50 km à l'heure" !!
Pas de date pour cette photo ni aucune autre information.
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Bicicletta aerea RAGGI (1919) |

[via Secret Projects] |
Voir photos dans Archives du Vélo (forum Tonton Vélo) |
Dans la série "les improbables" : |

Aviette "Multiplan" [Les pionniers foréziens de l'aviation] [31] |


Le Sauteral n° 1 Construit par l'artiste Aloïs SAUTER à Paris en 1923. [32]
[Vidéo de présentation de l'appareil]
|

Aviette de Vincent NARCISSE (1912) [source inconnue]
Deux photos, d'origine inconnue, glanées sur la Toile. Pas d'information sur cette machine.
[?]

[?]

Aviette "Maggiore Zanotti" [Flugsport 1922]
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L'Aérocycle de Jules ROLLÉ |
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Vers la même époque, un jeune ingénieur français, Jule ROLLÉ
a conçu une bicyclette volante. Mais aucune date permettant de situer cette réalisation et on ne sait pas si l'Aérocycle pu participer aux concours de 1912. Jules ROLLÉ poursuivra ses recherches et participera aux concours de Combegrasse (1922) et Vauvlille (1923) avec des planeurs de sa conception.

Jules ROLLÉ sur son Aérocycle [Collection Christian Noël]
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1915 - Éric NESSLER et Raoul VIAULT |
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Né en 1898, Éric NESSLER est très jeune attiré par l'aviation naissante et en 1913 il reçoit son baptême de l'air à bord d'un cerf-volant de la L.F.C.V. [Ligue française des cerfs-volants] . En 1915, alors qu'il est avec sa famille repliée à Niort, avec un ancien ouvrier de Clément ADER, Raoul VIAULT, il construit une bicyclette dotée d'ailes. [11]
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1915 - François BAUDOT |
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Toujours en 1915, un autre français, François BAUDOT, construit sa propre machine.
Censée décoller à une vitesse de 35 mille/heure,
elle ne put jamais quitter le sol. En 1937, F. Baudot installera sur son aviette un moteur Chaise de 350 cc entraînant en prise directe une hélice de 90 cm de diamètre, tournant à 2300 tours/minute et donnant une traction de 17 à 18 kg. Des essais eurent lieu à Cournay-en-Beauce aux mains du pilote DUNEAU.
François BAUDOT, à gauche, présente sa bicyclette volante [18]
Essais de l'aviette de François BAUDOT [via The Aerodrome]

Aviette BAUDOT [Aviation Magazine 1956]
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En 1936, F. Baudot avait déposé, en France, un brevet n° 805.991
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1921 - Gabriel POULAIN gagne le Prix Peugeot de 10.000 francs (Prix du Décamètre) |

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En novembre 1919, le journaliste François Barthélémy publie dans le mensuel "La Science et la vie" un article intitulé
"".
Il y décrit l'aviette de Gabriel POULAIN et relate ses essais.
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Dans son premier numéro daté du 23 juin 1921, le journal Les Ailes nouvellement créé par Georges HOUARD, publie un article décrivant des essais prometteurs réalisés par Gabriel POULAIN le 18 juin, sous le titre "Une aviette a volé".[Gallica BnF]
"."
|
Puis dans son n° 4 du 14 juillet 1921, elle peut titrer "". [Gallica BnF]
""
|

Sur la route des tribunes de l'hippodrome de Longchamp, le cycliste Poulain, bien connu dans les milieux sportifs,
réalise des essais avec son aviette en vue de conquéri, le Prix Peugeot du Décamètre [La Science et la Vie, novembre 1919]
Gabriel attend la fin de la préparation de la piste [Aviation Magazine 1956]
Notons les carénages de la bicyclette.
Remarquons aussi que l'aviette n'est pas la même que celles des photos ci-dessus et ci-dessous (?) |
Quelques données :
Surface totale des deux ailes : 12 m2. L'aile supérieure a une envergure de 6 m et une corde de 1,2 m, et l'aile inférieure une envergure de 4 mètres et une corde de 1,22 m. L'appareil pèse 17 kg et Poulain accuse 74 kg sur la balance au moment de sa tentative..
[ Reay, "The History of Man-Powered Flight," Pergamon (1977) ] [36] |
_
Essais de Poulain avec une aviette carénée [ Reay, "The History of Man-Powered Flight," Pergamon (1977) ] [36]
Il s'adjugera le Prix Peugeot avec une aviette débarassée de la totalité de ses carénages
|
9 juillet 1921, Bois de Boulogne, derrière l'hippodrome de Longchamp, Paris.
A 3 h 45 du matin, il faut encore nuit, mais déjà une équipe
de mécaniciens de la société Nieuport s’affaire autour des pièces d’une drôle de machine qu’ils
commencent à monter, tandis qu’un public de personnalités, de journalistes et
de curieux commence à arriver. C’est
le jour choisi par Gabriel Poulain pour tenter de
remporter le prix de 10 000 francs proposé 9 ans plus tôt par Robert
Peugeot (tenir en l'air à une hauteur de 20 cm minimum, sur une
distance de 10 mètres grâce à la seule force musculaire).
Quelques minutes plus tard, l’Aviette, est montée et réglée et le champion cycliste commence son
échauffement sur un autre vélo.
L’Aviette était un biplan de surface totale 12,08 m2,
le plan supérieur avait une envergure de 6 mètres et une corde
constante de 1,20 mètres. Le plan inférieur, décalé vers l'arrière
avait la même corde mais une envergure plus petite : 4 mètres. Les
ailes étaient fixées par des tubes légers
sur un vélo de course modifié. La roue avant du vélo est plus grande
que la
roue arrière, avec un pneumatique plus fin que celui de la roue
arrière. Le
rapport de développement de la mécanique
du vélo semble conséquent : n’oublions pas que Gabriel Poulain était un
authentique champion cycliste.
Il est intéressant de noter que la surface alaire de
l’appareil était plus grande que celle de certaines ailes étudiées
spécifiquement pour le vol à propulsion musculaire dans les années 1960 !
Un profilage sommaire était installé derrière le siège. Il
n’y avait pas d’hélice. Une commande d’incidence des ailes était installée,
actionné par un levier placé devant le guidon du vélo. Pendant la phase de
roulage, l’incidence des ailes était nulle, les ailes étant parallèles au sol.
Puis pour faire décoller la machine, le pilote tirait le levier, donnant un
angle d’incidence de 6° aux ailes, créant la portance qui devait permettre le
décollage de l’Aviette. Il n’y avait pas de gouverne de direction.
Le poids total en ordre de vol était de 91 kg.

Dernières vérifications avant la tentative de Gabriel Poulain sur l’hippodrome
de Longchamp [2]
Du
plâtre a été répandu sur la piste afin de bien visualiser les traces
des roues du vélo et pouvoir repérer les positions de décollage et
d'atterrissage. Deux doubles lignes ont été tracées sur le sol,
les lignes les plus proches distances de 10 mètres, la distance
fatidique !
4 h 43 Après une
dernière vérification de la commande d’incidence, Poulain s’élance et l’Aviette
prend de plus en plus de vitesse. Avant d’arriver à la première ligne, Poulain
tire le levier d’incidence… et l’Aviette décolle immédiatement, s’éleve à 1,5
mètres et plane pour retomber 11, 98 mètres plus loin, sous les
applaudissements nourris du public et de Robert Peugeot, présent au premier
rang.
Mais il faut refaire l’épreuve en sens inverse comme prévu
par le règlement.
4 h 47 Poulain repart en sens inverse, décolle avec à peine
moins de vitesse et plane cette fois sur une distance de 11,59 mètres.
Toute l’équipe de Poulain croît le Prix gagné et le
congratule sous les viva de la foule.
Mais un désaccord naît au sein du collège des juges : après
discussions et force hochements de têtes, le vol de Poulain n'est pas
validé car il a décollé avant les doubles lignes alors que le règlement
stipule que le décollage doit se faire entre les doubles lignes ! Le
public est désappointé, mais Gabriel Poulain nullement découragé
demande à refaire une nouvelle tentative, mais après une heure de
repos, ce qui lui est accordé.
5 h 54 Selon le même scénario, Poulain réalise un bon de 10,54 m à 1,5 m de hauteur, validé par les juges.
6 h 03 Dernier "run" dans l'autre sens pour conclure sur le plus long vol de Poulain parfaitement maîtrisé à 12,30 mètres.
Le Prix Peugeot de 1912 est gagné de fort belle manière !
Vidéo de Gabriel Poulain en action.
Remarque : la vidéo montre la tentative victorieuse de Gabriel Poulain, avec l'aviette de la photo ci-dessus, mais dont les carénages ont été enlevés.
Notons que deux semaines plus tard, le 23 juillet 1921, un
américain dénommé Edwin Gourdin réalisera un saut de 7,69 mètres à Cambridge,
Massachusetts, USA.[source ?] |
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Gabriel Poulain : à gauche en 1913 [Wikipedia], à droite après sa tentative victorieuse [Gallica]

L'aviette de Poulain exposée au Salon de l'Aéronautique 1921 [Gallica]
Poulain en pleine action [Photo extraite du livre de J.Borgé et N.Viasnoff : " Archives du Vélo", via forum Tonton Vélo]
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Les Ailes n° 5 du jeudi 28 juillet 1921 signale une réalisation intéressantes qui se démarque sensiblement de la plupart des aviettes vues à l'époque.
"
"
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Aviette Thébault [Les Ailes n° 5, 21 juillet 1921] |

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En octobre 1921, donc après que Gabriel Poulain eut gagné le Prix Peugeot, Henry de Graffigny publie un petit ouvrage de 70 pages intitulé "L'aviette, son passé, son avenir, sa construction à la portée de tous", qui commence par :
Téléchargement de l'ouvrage sur BnF - Gallica
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1921 - Le troisième Prix Peugeot (20 000 F) |
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Immédiatement
après le succès de POULAIN, Robert Peugeot proposa un nouveau prix de
20 000 francs pour un saut, toujours dans les deux sens, mais maintenant
de 50 mètres. La forme de la machine était libre, mais propulsée uniquement par la force musculaire.
Les dates pour les tentatives durant l'année 1922 furent fixées au
23-30 avril, 23-30 juin, 24-31 juillet et 23-30 septembre, avec la
possibilité de dates supplémentaires. Le nombre d'essais pour chaque
compétiteur était limité à 3, mais le collège de juges avait pouvoir
d'autoriser des essais supplémentaires.
Les deux essais aller et retour devaient être effectués dans un intervalle de temps de 20 minutes.
Dans le cas ou un concurrent réussissait son premier essai mais pas son
second, les juges pouvaient l'autoriser à recommencer son second essai.
Les inscriptions (frais 10 francs, remboursables sous certaines
conditions) devait être faites au moins 10 jours avant la Semaine de
l'Aviette (la compétition avait été appelée ainsi semble-t-il), auprès
de la Maison Peugeot, 80 rue Danton, à Levallois-Perret (Seine), au nom du compétiteur et du constructeur de la machine.
La compétition était internationale, mais aussi bien pour les pilotes
que pour les machines, l'Allemagne, l'Autriche, la Turquie et la
Bulgarie étaient exclues !
Le comité d'organisation était composé de Mr le Colonel Ferrus,Emmanuel Aimé, Jacques Balsan, Baudry, de Saunier, Charles Faroux, Isaac Koechlin, Chevalier Reen
de Knyff, Lumet, Paul Panhard, Frantz-Reichel, Paul Rousseau.
Le but était ambitieux : par comparaison, cela
représentait une distance un tiers plus longue que celle réussie par
les frères Wright avec leur appareil à moteur. Poulain, certainement rendu optimiste par sa réussite, annonça vouloir
tenter de gagner ce prix avec un appareil propulsé par une hélice et
que Nieuport aurait construit. Mais la machine ne fut jamais construite
et ce dernier prix Peugeot ne fut jamais attribué, car il n’y eut aucun candidat. |
1925 - Le Prix de la R.R.G. |
|
En Allemagne, l’intérêt pour les recherches sur le vol à
propulsion musculaire se manifesta plus tardivement qu’en France ou Italie. Et
comme souvent dans ces cas-là ce fut un Prix qui motiva les constructeurs. En
1925, la RRG (Rhön-Rossiten-Gesellschaft), installée à la Wasserkuppe offrit un prix
de 4000 Reichmarks à la première personne qui pourrait tenir l’air sur une
distance de 100 mètres, dans un vent de moins de 3 m/s, à la seule force de ses
muscles. Le
premier concours fut organisé à la Wasserkuppe en
septembre 1925, et le seul compétiteur capable de décoller fut le Dr
Martin BRUSTMANN, un médecin berlinois spécialiste de physiologie du
sport : il
put maintenir en l’air sa bicyclette équipée d’ailes de chauve-souris
sur une
distance d’environ 20 mètres, le plus long vol à propulsion humaine
vérifié à
cette date.

Concours de la Wasserkuppe, septembre 1925
Aucune précision sur cette photo : au vu de la forme des ailes on
peut peut-être penser qu’il s'agit du Dr Brustmann (?)
[photo d’origine inconnue]
|
Comme POULAIN, Martin BRUSTMANN attrapa le virus du vol musculaire. En 1926 en
collaboration avec le célèbre ingénieur aérodynamicien Alexander LIPPISCH il démarra un programme
de recherches sur le vol à propulsion humaine.
Brustmann mesura la puissance développée par un certain nombre
d’athlètes entraînés et en conclut qu’il était possible de développer environ
1,5 kW en pointe, sur une très courte durée, et de fournir 190 à 200 watts en continu sur
une relativement longue durée.
Sa collaboration avec A. Lippisch aboutit en 1929 à la conception et construction d’un
ornithoptère (appareil à ailes battantes) à propulsion humaine de 10 mètres
d’envergure. Mais bien que lancé à l’aide d’une catapulte, l’appareil fut à
peine capable de diminuer quelque peu la pente du vol plané.
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LA FIN DES AVIETTES ? |
Mais l’ère des pionniers amateurs espérant voler en bricolant une bicyclette
était définitivement révolue.
Les recherches dans le domaine de l'aérodynamique et du vol à propulsion musculaire
montraient que ce type de vol nécessiterait la conception de machines de caractéristiques bien
particulières, spécifiquement étudiées.
A titre d'exemple, citons l'un des tout premier appareil à propulsion musculaire testé avec succès en 1935, construit par Helmut Haessler,
avec Franz Villinger : 13,5 mètres
d’envergure, 34 kilogrammes sans le pilote !
La propulsion se faisait par pédalage. L’appareil était
lancé à la catapulte puis le pilote commençait à pédaler pour essayer de tenir
l’air le plus longtemps possible. Les constructeurs l’appelèrent Mufli,
contraction de « Muskel Flieger ». Dans les derniers jours du mois
d’août 1935, le Mufli réalisa son plus grand vol : 24 secondes pour une
distance parcourue de 235 mètres.
Que de chemin parcouru en 14 ans, depuis le saut de Gabriel Poulain (en 1921, rappelons-le).
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Le Mufli en vol (août 1935) |
La suite du vol à propulsion musculaire est dorénavant une autre histoire, toute aussi passionnante.
Terminons en remarquant (ce qui est depuis longtemps une évidence), que, comme un juste retour des choses, le cadre de
bicyclette reste encore le moyen le plus efficace de convertir
l’énergie musculaire
du pilote en propulsion, ce qui ne doit pas manquer de faire plaisir à tous les avietteurs des années 1910 ! |
LE DOMAINE DES RÊVEURS |
Après Gabriel Poulain, plus aucun prix ne fut gagné, ou même tenté, avec des bicyclettes modifiées. Cela n'empêcha pas, durant les années 1930 et même après, des amateurs passionnés et quelque peu rêveurs de continuer à imaginer et construire des aviettes.
"", par Jean Grampaix, Aviation Magazine 1956 |

Aviette présentée au concours Lépine 1936 [Aviation Magazine 1956]

Aviette Robert, à deux hélices contrarotatives (année inconnue) [Aviation Magazine 1956] |
1930 - Le Glide-O-Bike
En 1930
on retrouvera aux USA l'idée d'équiper une bicyclette d'ailes en
kit, proposés par la Glide-O-Bike Company, fondée par
un certain Harry T. Nelson de Dallas (Texas, USA), ancien pilote de la première guerre mondiale. Le but n'était pas de s'envoler mais seulement de pouvoir décoller aisément la roue avant de la bicyclette. Il s'agissait là d'un engin de loisir, visant surtout un public de jeunes garçons.
L'article ci-dessous a été publié par la revue américaine Popular Science en décembre 1930 [13]
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La page publicitaire ci-dessus est bien représentative à la
fois de l’attrait des jeunes pour ce qui touche aux choses de l’air et du sens
du marketing de Mr Nelson.
The Glide-O-Bike, easily attachable to any
bicycle enables any active boy to enjoy the sensations of flying.
When ridden
at moderate speeds, the wing lifts the front wheel entirely off the ground. [6]
(NdT : nous laissons la légende de cette photo non traduite pour lui conserver toute sa saveur)
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2011 - Un petit clin d'oeil |
Plage de Vauville, 12 juillet 2011
C'est l'ouverture de l'édition 2011 du rassemblement Rétroplane, qui se fait traditionnellement par l'exposition des fuselages des maquettes de planeurs anciens qui voleront les deux jours suivants. ... Du bout de la plage, arrive un modèle inhabituel dans ce genre de réunion : c'est Bruno HENRY, qui nous la joue "Gabriel POULAIN" pour le (presque) centenaire du concours de 1912 ! Et si ses performances ne furent pas du niveau de celles de son aîné, les applaudissements qu'il reçut furent sûrement au moins aussi nourris ! |

Bruno a mis toutes les chances de son côté : casquette retournée et lunettes d'aviateur et corne de brume au guidon !

Johannes VANNAHME s'offre le plaisir de quelques tours de roue : l'engin n'est pas si facile à maîtriser !
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2014 - Projet de "Bricolo" |
A voir sur le forum "Tonton Vélo", la transformation d'une bicyclette. Ce projet a été interrompu durant l'été 2014. |

Etat du projet lorsqu'il fut arrêté |
Du côté des modélistes |
Un modéliste italien, Luigi Prina, construit et fait voler des modèles de bateaux, mais aussi de cyloplanes. Dans la page Proposte - Sogno di un cicloamatore, de son site Navi volanti, on trouvera les deux modèles réduits ci-dessous, et une vidéo du vol du premier de ces appareils à moteur caoutchouc.[19] |


Sogno di un cicloamatore [rêve d'un cycliste amateur]
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L'aviette d'Oliver Theede |
En mars 2020, Oliver Theede, brillant modéliste allemand, a démarré un projet de construction d'une aviette.
On a pu suivre
son projet sur le forum Rétroplane, jusqu'au premier décollage de la roue avant qui a eu lieu en mai 2020.
Vidéo (16") |

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D] RÉFÉRENCES ET SOURCES , collection Jean-Marie Mesot
Morton Grosser p 3-10, photo p 75 (Poulain)
http://humanpoweredflying.propdesigner.co.uk/index.html
[lien mort]
, Zanrosso, tome I, p 106-108
, p 19 (photo) 20-21 (texte)
pas de date ni de numéro
, Flight 13 juillet 1912 p 641
, Flight 14 juillet 1921 p 473
flight-attempts.flv : 2 séquences avec des vélos, dont une de Gabriel Poulain.
, http://drsamuelbanda.blogspot.mx/2012/11/la-aviacion-en-la-revolucion-mexicana-i.html
, JOUHAUD Anne et Réginald, Cépadues 1992. Page 297
[12] , n° 27 décembre 2005. Site de Michel Volkovitch : http://www.volkovitch.com/0512.htm.
[13] , Popular Science, décembre 1930. Fac-simile sur le site Modern Mechanix
[14] , The Car, 22 Décembre 1909 (p.264), & M.Goodall, A.Tagg - British Aircraft before the Great War /Schiffer.Fac-simile sur le site Modern Mechanix
[15] , site Their Flying Machines
[16] , site Their Flying Machines
[17] ,photo via site The Cyclodelic Journal
[18] , photo par exemple sur le site Flickr
[19] , site de Luigi Prina
[20] , site Rumbos Aeronauticos
[21] , site La Boîte Verte
[22] , site Patrimoine et mémoire de l'aviation civile (Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie)
[23] , forum Tonton Vélo
[24] , L'Aérophile 15 juin 1912, Gallica BnF
[25] , L'Auto 2 juin 1912, Gallica BnF
[26] , Extrait de la collection Jules Beau, Wikibooks
[27] , note + photo, Air Journal
[28] , note, Air Journal
[29] , texte + photos (Salon Rétromobile 2018 à Paris), Patrimoine auto.com
, par Ennemonde BRIARD, 1930, Gallica BnF. Quelques pages consacrées à Marius Mazoyer.
[31] , photo, Pionniers foréziens de l'aviation
[32] , photo Pinterest, vidéo, YouTube
[33] , L'Industrie vélocipédique et automobile, 1913, Gallica BnF
[34] La Justice était un quotidien parisien. Quelques numéros en fac-similé sur Gallica BnF
[35] , blog Le Petit Bédouin,
[36] , site princeton.edu,
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